L’ancien Premier ministre libéral estime que l’Australie devrait suspendre son aide à l’autorité palestinienne, car, affirme-t-il, « elle verse des pensions aux terroristes et à leurs familles ». Actuellement l’Australie donne environ 40 millions de dollars aux Palestiniens, une aide distribuée par les agences de l’ONU et diverses ONG.
L’une d’entre elles, World Vision, une organisation humanitaire internationale chrétienne évangélique, est au coeur d’un scandale depuis août dernier. Les autorités israéliennes ont mis en examen son représentant local à Gaza, Mohammad El Halabi. Il est accusé d’avoir détourné des fonds de World Vision pour financer les activités du Hamas, le mouvement islamiste palestinien, considéré comme organisation terroriste par Israël mais aussi par l'Union européenne et les Etats-Unis.
En août dernier donc, le gouvernement australien a suspendu son aide aux programmes de World Vision dans les territoires palestiniens.
Tony Abbott demande la suspension de l'aide australienne aux territoires palestiniens
Malgré cela, Tony Abbott sous-entend que l’aide australienne continue à financer de manière détournée, des mouvements palestiniens et il demande donc au gouvernement de Malcolm Turnbull, lui aussi libéral, de suspendre l’aide aux ONG actives dans les territoires palestiniens. Le gouvernement ne compte pas en rester là. Mais la ministre des Affaires étrangères, Julie Bishop, a précisé dans un communiqué qu’un audit de l’aide australienne dans les territoires palestiniens était en cours.
Le ministre de l’Immigration, Peter Dutton, est aussi monté au créneau, affirmant que le gouvernement menait des contrôles méticuleux de l’utilisation de ces fonds dans les territoires palestiniens. « Nous ne voulons pas donner d’argent à des organisations qui soutiennent des activités terroristes », a assuré Peter Dutton.
Tony Abbott a publié une tribune parue dans le magazine australien “Spectator”, dans laquelle il rend compte de son voyage au Proche-Orient. Il était invité à participer au Dialogue de haut niveau (Leadership Dialogue) entre Israël, la Grande-Bretagne et l’Australie, une conférence annuelle qui rassemble des parlementaires, des hommes d’affaires, des leaders d’opinion, des trois pays.
L'Australie devrait déménager son ambassade à Jérusalem
Outre la polémique sur l’utilisation de l’aide australienne dans les territoires palestiniens, l’ancien Premier ministre brise un tabou diplomatique. Tony Abbott souhaite que l’ambassade australienne déménage de Tel-Aviv à Jérusalem, pour « que l’Australie démontre son soutien indéfectible à Israël ». L’ancien Premier ministre ajoute que ce déménagement australien devrait se faire uniquement si Donald Trump franchit le pas et transfère l’ambassade américaine à Jérusalem.
Or Jérusalem n’est pas reconnue comme la capitale d’Israël par la plupart des pays du monde, car Jérusalem Est est revendiqué par les Palestiniens comme la capitale de leur état. Ils ont établi leurs ambassades à Tel Aviv.
« Le statut de Jérusalem-Est est controversé. Cette partie de la ville est considérée comme un territoire occupé par beaucoup de pays de la communauté internationale. Quand Trump deviendra Président, il pourrait franchir le pas et déménager l’ambassade américaine (à Jérusalem, NDLR). Et dans ce cas, j’ai du mal à voir pourquoi l’Australie devrait imiter les États-Unis, parce que l’Australie, une puissance moyenne, perdrait son rôle de médiatrice dans les négociations de paix », estime Greg Barton, professeur à l’université de Deakin, spécialisé dans l’islam politique au niveau mondial.
L'Australie, en faveur de la solution à deux États
Ces déclarations pro-israéliennes de Tony Abbott interviennent alors que le Conseil de Sécurité de l’ONU a voté une résolution condamnant la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens, résolution coparainée par la Nouvelle-Zélande, acceptée par les États-Unis et rejetée par Canberra- mais l'Australie ne siégeant pas au Conseil de Sécurité en ce moment, elle n’a pas pu voter.
La semaine dernière, Julie Bishop a rappelé que l’Australie était pour une solution équilibrée, celle des « deux États ».