Transition énergétique : la Nouvelle-Calédonie face à la baisse brutale du nickel

Le taureau et l'ours symbolisent la hausse ou la baisse des Bourses mondiales.

Tesla débarque en Nouvelle-Calédonie pour son nickel. Alors que le constructeur américain vient épauler la reprise de l'usine du Sud, un géant chinois propose de faire tout aussi bien, abondamment et moins cher. En oubliant l'environnement. Faisable ou pas ? En tout cas  le cours du nickel chute...

Le cours du principal métal de la transition énergétique, celui des batteries électriques, a sombré la semaine dernière. Le nickel a chuté de 12,6 % à la Bourse des métaux de Londres. Tous ses gains de l'année sont effacés. La situation n'est pas catastrophique mais ce reflux, peut-être provisoire, est bien réel.

Le prix du nickel sera passé en quelques jours de 20.000 dollars à 16.000 dollars la tonne. La nouvelle donne complique le retour à une rentabilité durable du nickel en Nouvelle-Calédonie. A ce prix, des trois usines calédoniennes, seule la SLN (ERAMET) n'est pas dans le rouge.

Le marché prend peur

Il aura suffi d’une annonce du premier producteur mondial d’acier inoxydable, qui est également un grand métallurgiste du nickel, pour affoler les analystes londoniens. Le nickel a enregistré sa plus forte baisse depuis 2011. Le nickel avait atteint un sommet de 20.000 dollars la tonne il y a dix jours, porté par l’envolée du marché des voitures électriques et une demande en nickel de qualité batterie bien supérieure à l’offre. Un risque de pénurie était envisagé. Un géant Chinois propose d’y remédier, à sa façon.

Tsingshan, a annoncé qu’il prévoyait de produire un nickel de qualité batterie. Il le fera, dit-il, à partir de minerai de latérite et de fonte de nickel à bas coût (NPI), cette dernière production étant abondante en Chine. Il faudrait cependant la transformer, cette fois en mattes, des concentrés riches en nickel. "C'est faisable", a estimé Tsingshan dans une déclaration à l'agence Reuters le 2 mars.

Une usine de ferronickel, celle de Larco en Grèce.

Du nickel pour l'acier irait aux batteries 

Le géant chinois transformerait donc le nickel initialement destiné à l’acier inoxydable pour l'adapter aux batteries des véhicules électriques. La matière première est abondante. Un vent de panique a soufflé sur le LME de Londres, les traders se débarrassant au plus vite de leurs contrats sur le métal. "Impossible d'utiliser de la fonte ou des mattes de nickel pour faire des batteries" a estimé un expert contacté par la 1ère. Impossible n'est peut-être pas chinois...C'est en tout cas cette piste qu'explore le producteur grec Larco. Son usine de nickel de Larymna est un copié-collé de celle de la SLN à Doniambo en Nouvelle-Calédonie, où l'on a produit des mattes jusqu'en 2016. Depuis l’annonce de Tsingshan, des questions ont été soulevées, notamment par Andy Farida, analyste du Metal Bulletin (Fastmarkets).

La faisabilité du projet n’est pas assurée, les préoccupations environnementales sont bien réelles compte-tenu des transformations métallurgiques nécessaires, de la pollution et des émissions de carbone qui seraient calamiteuses

Andy Farida analyste de Fastmarkets (Metal Bulletin)

 

En attendant, le marché a eu peur, le cours du métal a perdu près de 4.000 dollars par tonne. Dans les prochaines semaines il se situerait dans une fourchette comprise entre 15.800 - 16.000 dollars, a indiqué un analyste du négociant Marex Spectron. Très loin de son récent sommet.

Cours du nickel au LME de Londres, le 08/03/21 à 16:00 GMT [03:00 en Nouvelle-Calédonie] 16.282 dollars/tonne -0,23% [Semaine -12,60 %]