Trente-trois ans d'histoire locale avec le Front national

François Néoeré, cofondateur et responsable du FN calédonien
Au premier tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen totalise en Nouvelle-Calédonie 29 % des suffrages et arrive en tête dans 13 communes. C’est la première fois que le Front national atteint de tels scores chez nous. Retour sur l’histoire du FN en Calédonie.
La fédération locale du Front national est créée en Nouvelle-Calédonie en avril 1984, par le maire de Thio Roger Galliot, le kunié François Néoeré et l’écrivain de polars et journaliste ADG. Elle a lieu dans un contexte de montée des tensions autour de l’indépendance et du durcissement du FLNKS. Et les scores du FN seront toujours liés à l’actualité politique purement calédonienne.

Meeting du Front national en janvier 1985, à Paris, à propos de la Nouvelle-Calédonie et en compagnie de deux des fondateurs du FN calédonien : Roger Galliot et François Néoéré.


Huit sièges au Congrès en avril 1988

C’est durant les Evénements, entre 84 et 88, que le parti monte en puissance, avec une forte activité militante en Brousse et d’importants succès électoraux. Aux régionales d’avril 1988, qui ont lieu deux jours après la prise d’otages des gendarmes à Ouvéa, le Front national totalise un peu plus de 22 % des suffrages sur l’ensemble de la Calédonie. Et décroche huit sièges sur les 48 du Congrès. Il obtient même un poste au sein du conseil exécutif de Nouvelle-Calédonie, composé de dix membres.

Visites de Jean-Marie Le Pen 

Le même jour a lieu le premier tour de l’élection présidentielle et Jean-Marie Le Pen, le candidat du Front National, obtient chez nous près de 13 % des suffrages. C’est le deuxième score, loin derrière Jacques Chirac, mais loin devant Raymond Barre et François Mitterrand.
Jean-Marie Le Pen qui, au cours des années quatre-vingt, effectuera plusieurs déplacements en Calédonie, en se posant comme défenseur de la Nouvelle-Calédonie française.

Jean-Marie Le Pen arrive à l'aéroport de Tontouta le 24 septembre 1985.

A la marge dans une Calédonie apaisée

A partir de 1989, les résultats commencent à chuter. Le RPCR de Jacques Lafleur domine la vie politique, et après la signature des accords de Matignon en 1988, le climat politique se calme. Un apaisement qui laisse le FN à la marge. Dans les différentes élections locales, provinciales et législatives, les candidats du parti récoltent entre 5 et 10 % des voix.

Dans les années quatre-vingts, Guy George devient l'incarnation du FN calédonien.

 

En baisse aux présidentielles

Aux présidentielles, Jean-Marie Le Pen ne décroche plus que 8 % des suffrages en 1995. En 2002, il remonte à 11 % , mais c’est beaucoup moins que ses 17 % qui, au plan national, permettent au candidat du FN d’accéder au second tour de la présidentielle pour la première fois de son histoire.
Il faudra attendre 2004 pour un regain du parti en local.
 

Un rôle d'arbitre

Avec un peu plus de 11 %, la liste du FN aux provinciales, menée par Guy George, envoie cinq élus à l’assemblée de la province Sud. Dont quatre siègeront aussi au Congrès. Il devient un parti charnière, qui joue les arbitres entre le Rassemblement-UMP et l’Avenir ensemble. Mais le Front national continue de perdre du terrain, pour les élections locales comme nationales. Jean-Marie Le Pen fait moins de 6% à la présidentielle de 2007 et aux provinciales, le parti, désormais dirigé localement par Bianca Hénin, perd ses élus en 2009. 

Comme son père, Marine Le Pen s'est rendue plusieurs fois en Nouvelle-Calédonie, ici en 2013.

Presque plus représenté dans les institutions

Depuis, le FN n’est plus représenté dans les grandes institutions du pays, provinces et congrès, et quasiment plus au niveau municipal. Reste un électorat pour Marine Le Pen, qui a plus que doublé son score en cinq ans, passant de moins de 12 % des suffrages calédoniens en 2012 à 29 % cette année.

Bianca Hénin à son QG.