Trois ans de prison avec sursis pour avoir foncé sur deux piétons

Le tribunal correctionnel a condamné à du sursis un homme jugé pour avoir poursuivi et foncé en voiture sur deux personnes à la sortie d’une discothèque de Nouméa le mois dernier. Malgré des « faits extrêmement graves » selon les mots du procureur, le tribunal a fait preuve de clémence. 
L’enquête avait été ouverte sous le chef de tentative de meurtre, et donc passible de la cour d’assises. Les faits ont finalement été requalifiés en violences volontaires avec circonstances aggravantes, et jugés en correctionnelle.
Le 1er mai, au petit matin, le jeune jeune gérant de société, âgé de 35 ans,  aurait voulu en découdre, à la sortie d’une boîte de nuit de l’Anse Vata, avec un autre homme qui s’était bagarré avec l’un de ses amis.
 

Traumatisme crânien et fracture ouverte

Après plusieurs altercations, interrompues par les videurs de l’établissement, le prévenu se met à poursuivre en voiture son rival qui est accompagné d’un autre homme, et fonce sur les deux piétons à hauteur de l’hippodrome, alors qu’ils traversent la chaussée.
L’un d’eux est propulsé à deux mètres de haut et retombe sur le sol dans une marre de sang.
Le chauffard repart alors avant de se dénoncer à la police peu de temps après.
Transporté au Médipôle dans un état très grave, la victime ne souvient plus de rien aujourd’hui. A l’audience, il énumère simplement ses blessures : un traumatisme crânien et une fracture ouverte.
L’autre victime est elle aussi choquée : l’homme a cru perdre son ami.
 

La personnalité du mis en cause

Ce qui interpelle dans ce dossier, c’est la personnalité du mis en cause.
Décrit comme un « teigneux » par l’un des videurs, son entourage le présente au contraire comme un « travailleur acharné », « sérieux et serviable ».
Dans la salle d’audience : une vingtaine de proches sont venus lui manifester leur soutien, dont sa mère et son frère, qui ont fait spécialement le déplacement de Métropole.
Il n’a jamais été condamné pour des faits de violences. Seules traces à son casier judiciaire : des conduites en état alcoolique.
 

« Un miracle si la victime n’est pas décédée »

C’est d’ailleurs ce penchant pour l’alcool, doublé d’un état de fatigue et d’un sentiment de « frustration de ne pas avoir eu le dessus » pendant la bagarre qui pourrait expliquer ce passage à l’acte, selon le procureur.
« C’est un miracle si la victime n’est pas décédée », a observé Richard Dutot qui a requis six ans d’emprisonnement ferme.
 

La « honte » du prévenu

A la barre, le prévenu, en larmes, n’est pas parvenu à justifier son geste. Il a présenté ses « excuses » et dit avoir « honte » de ce qu’il avait fait.
Son avocat, Me Calmet, a demandé au tribunal de ne pas accabler davantage le prévenu dans ce « dossier noirci à outrance ».
Les magistrats semblent l’avoir entendu : le prévenu écope de trois ans de prison avec sursis.
A l’annonce du délibéré, ses proches ont exprimé leur soulagement. Un sentiment partagé par son avocat, qui leur a tout de même rappelé, à la sortie du tribunal, que le ministère public pouvait faire appel de cette décision.