C’est l’un des sujets évoqués dès les premiers jours des émeutes sur le territoire : la prise en charge des patients, notamment dialysés. Routes barrées, axes routiers impraticables… Les trois centres de dialyse du Grand Nouméa ont dû, un temps, fermer leurs portes.
Le centre de dialyse de Dumbéa-sur-mer, a quant à lui été pillé. Une vingtaine de machines de dialyse ont été détruites sur trente-six. Elles ont depuis, été réparées.
"On a pu retrouver des temps et des rythmes de dialyses normaux"
L’activité a pu reprendre, au fil du temps. “On a pu retrouver des temps et des rythmes de dialyses normaux. On peut refaire travailler nos infirmiers sur des rythmes de douze heures par jour, donc cela veut dire que ça va mieux. On circule presque partout sur le territoire librement. Cela nous permet d’alimenter toutes les unités et les patients à domicile”, explique Nicolas Darsaut, directeur de l’association de prévention et de traitement de l’insuffisance rénale (ATIR).
Ses membres prennent en charge 420 patients dialysés dans douze unités, réparties sur l’ensemble du territoire. Et si l’activité a repris de manière presque normale, des difficultés persistent. “Notamment sur certains points comme l’unité de Thio, que l’on ne peut pas rejoindre. On aurait besoin de réalimenter cette unité avec du matériel de dialyse et ce sont des volumes importants, mais les camions ne passent pas”, poursuit Nicolas Darsaut. Une permanence est assurée sur place, mais aucun patient ne peut être reçu sur cette unité.
Trois médecins en moins
Autre difficulté : la perte d’effectifs. Ils sont passés de six médecins avant la crise à trois. “On a perdu la moitié de notre effectif médical, donc il y a des choses qu’on ne peut plus faire ou que l’on fait différemment. On avait l’habitude d’envoyer des médecins effectuer des consultations sur tout le territoire et les îles, pour assurer le suivi de patients non dialysés, qui ont des maladies rénales. Mais on ne se déplace plus, on n’a pas les moyens. Cela représente des centaines de personnes. Mais on n’a plus le temps médical de le faire”, révèle le directeur de l’ATIR.
Des pistes de réflexion sont lancées, en lien avec les néphrologues du CHT, pour trouver des solutions pour que ces patients puissent continuer à être suivis, comme ils l’étaient avant. Les membres de l’association sont aussi en lien avec les médecins des Centres médicaux sociaux, pour qu’ils puissent servir de relais sur le terrain. “Ce que l’on craint, maintenant, c’est le manque de personnel soignant. Pour l’instant, on a des effectifs infirmiers qui nous permettent de fonctionner normalement dans la prise en charge des patients, mais demain et dans les prochaines semaines, les prochains mois, on n’a pas de visibilité sur cette capacité”, regrette le président de l’ATIR.
Une crainte partagée, au sein du Centre hospitalier territorial Gaston-Bourret, qui a déjà perdu un quart de ses effectifs.