Daniel Goa appelle «au bon sens» des Loyalistes pour élaborer une solution commune

Ce mardi, à la veille du comité exécutif de l'Union Calédonienne, Daniel Goa, son président, lance un appel aux Loyalistes pour qu'ils cessent de suivre les «ordres impératifs» de Bercy. Et qu'ensemble, ils « imposent un délai suffisant pour construire une autre solution dans l'intérêt du pays».

Ce mardi, veille du comité exécutif de l'Union Calédonienne qui définira les noms appelés à composer la liste pour l'élection des membres du 17e gouvernement, Daniel Goa explique longuement dans une déclaration leur décision de se retirer du gouvernement présidé par Thierry Santa. 

La logique "majoritaire"

« Plus de 20 ans après la signature de l'Accord de Nouméa, 30 ans après Matignon-Oudinot, la majorité "loyaliste" n'a toujours pas compris que dans notre pays - notre pays commun - le "fait majoritaire" n'était la garantie d'aucune légitimité et stabilité politique parce qu'il relevait d'un coup de force, d'une colonisation vieille de plus de 160 ans et qui n'en finit pas d'agoniser. »

« En Nouvelle-Calédonie, la seule légitimité politique qui vaille est celle qui résulte du débat public entre indépendantistes et non-indépendantistes, et de la recherche d'un consensus pour une sortie commune"

 

Un constat commun et partagé

« Il y a à peine une semaine, nous avons été quelques uns à avoir pu discuter avec la présidente de la province Sud et un autre responsable élu de cette même province et nous avons pu constater que sur ce sujet brûlant des conditions de vente de l'usine de Vale NC, nous partagions bien des vues.  

Eux comme nous, nous nous accordons à penser que les richesses naturelles doivent en priorité servir au développement du pays. 

Eux et nous, nous reconnaissons que la responsabilité du passif environnemental et du risque en la matière doit logiquement incomber à ceux qui les ont occasionnés, c'est-à-dire Vale Monde et l'Etat Français.

Eux comme nous, nous admettons l'impérieuse nécessité d'un projet de reprise qui ne repose pas uniquement sur un habile montage financier, mais accorde une place centrale à un industriel réellement compétent et doté de la technologie à la hauteur des défis que posent l'usine du Sud, l'environnement en tête.

Eux comme nous, nous avons à coeur de défendre les intérêts du pays dans cette ténébreuse affaire qui n'a que trop duré, et pour cela d'inscrire dans le futur projet de reprise de Goro, un principe de non-dillution protégeant ainsi le niveau de participation - des collectivités et leur évitant de prendre tout risque financier.

Eux comme nous, nous avons à coeur que les 3000 salariés reprennent le chemin du travail et puissent se projeter dans l'usine sur les décennies à venir. »

Les pressions du Ministère de l'Economie

« Le responsable c'est l'Etat français, qui veut à tout prix faire passer en force le projet actuel de reprise, y compris au risque d'une rupture des équilibres politiques construits peu à peu au fil de ces dernières trente années. »

La présidente de la province Sud nous l'a explicitement confirmé.

La responsabilité de BERCY est ici totale.

 

Les pressions que le Ministère de l'Economie et des Finances exerce sur les élus "loyalistes" pour imposer le dossier BEURRIER sont fortes, très fortes.

 

« Et cela malgré les réserves de la présidente de la province Sud, malgré la pression de l'ICAN et des indépendantistes sur le terrain, malgré l'existence d'une alternative que l'Etat ne peut plus nier puisque le dossier du projet lui a été officiellement transmis. »

La preuve que l'Etat n'est plus du tout, dans le dossier Vale NC, l'arbitre qu'il affirme être, mais un acteur intéressé plutôt brutal et intransigeant, nous en avons la preuve avec la convocation par le Haut Commissaire du Conseil des Mines alors même que le Gouvernement Santa venait de tomber.

 

« Faire triompher le bon sens. Juste et rien que le bon sens »

« A faute, d'oreilles ouvertes du côté de l'Etat, j'en appelle à nos partenaires "loyalistes" de l'Accord de Nouméa. Si comme ils le disent, ils ont eux aussi à coeur l'intérêt du pays, qu'ils le montrent, qu'ils refusent de céder face aux "oukases" de BERCY et imposent avec nous un délai suffisant pour construire une autre solution que celle purement financière qu'ils défendent mordicus, mais à contre coeur pour certains. »

J'en appelle à leur bon sens pour construire une solution commune 

 

Quelle "solution commune " ?

« Une solution commune qui permettrait :

- le retour des titres miniers à la province Sud et leur concession sous conditions à une entreprise réellement soucieuse des intérêts du pays

- que soit prise en compte la valeur du massif dans le montage financier de la société à venir, et notamment dans son actionnariat

- de droit, la construction d'un actionnariat avec une véritable majorité Pays et pas la constitution d'une majorité de circonstance, bricolée à la va-vite, composée d'entités multiples aux intérêts divergents et, à ce titre, vulnérable aux renversements d'alliances qui signeraient immanquablement son arrêt de mort.

Et quand je parle de Pays, je parle bien de tous ceux qui en sont aujourd'hui, les citoyens et pas seulement d'une fraction d'entre eux, fût-elle majoritaire de quelques points aux élections.

 

Une solution commune qui souhaiterait réellement faire de la valorisation locale de la matière première un de ses principaux objectifs et qui sur le long terme, ne se contenterait pas de réaliser un produit semi-fini, le NHC destiné à être transformé à l'extérieur sans aucun retour pour notre pays.

Une solution commune respectueuse du fragile environnement insulaire tout en assurant un avenir économique à la jeunesse de notre Pays. »

« Je dis aux Loyalistes, la crise actuelle leur fournit une occasion, non pas d'abandonner leurs convictions et leur attachement à la France,

mais de dire au Gouvernement Français qu'ils n'entendent pas se laisser imposer de construire l'avenir de leur pays CONTRE une partie de sa population et CONTRE l'intérêt de tous. »