Un Calédonien sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, selon une nouvelle étude de l'Isee

Marcel Toyon, président de l'association Action solidaire, distribue des centaines de kilos de dons chaque mois aux personnes en situation de précarité.
En Nouvelle-Calédonie, la pauvreté prend des dimensions différentes selon les régions du pays. C'est ce que met en lumière l'Institut de la statistique et des études économiques dans sa nouvelle étude, basée sur des chiffres de 2020.

C’est une toute nouvelle étude d’un an, dans une synthèse d'une dizaine de pages. Elle a pour thème "la pauvreté et les inégalités sur le Caillou". Cette analyse a été diffusée par l'Institut de la statistique et des études économiques (Isee), ce mercredi 12 avril 2023. Elle se base sur une toute nouvelle méthode cette  année. "Jusqu'à présent, on allait directement voir les ménages. On posait des questions sur leurs revenus, leurs dépenses, leurs prestations sociales. Là on a changé de méthodes. Aujourd'hui, on se base sur des fichiers administratifs provenant de la Cafat, les caisses de retraite,...", explique Olivier Fagnot, directeur de l'Isee. Cela permet d'obtenir pour la première fois des chiffres détaillés par commune. En revanche, cette nouvelle approche ne prend pas en compte les revenus non-déclarés.

51 000 habitants sous le seuil de pauvreté

Premier constat : un Calédonien sur cinq vit sous le seuil de pauvreté en 2020, soit environ 51000 habitants. Leurs revenus sont inférieurs à 87 950 francs. Cela représente une part importante de la population. Marcel Toyon, président d'Action solidaire, une association d'aide aux personnes précaires, le constate sur le terrain au quotidien. "J'ai de plus en plus de demandes de dons chaque mois dans tout le pays. Ce n'est plus concentré sur Nouméa. Nous sommes à court de denrées alimentaires souvent, on ne peut pas être partout", confie le responsable de la structure. 

De fortes disparités entre les provinces 

La côte Ouest reste la zone la plus riche du Caillou. Elle compte les seules communes affichant un taux de pauvreté très faible, moins de 14,9 % de leur population : Nouméa, Dumbéa, Païta, Boulouparis, Moindou, Koumac et Pouembout. D'ailleurs, Pouembout reste la surprise de cette statistique. Elle se distingue comme la collectivité enregistrant la part de population pauvre la moins importante du pays.

Dans l'Est, la majorité des communes ont un fort taux de pauvreté, d'au moins 29,4% : Canala, Houaïlou, Poindimié, Touho, Ouégoa, Poum. Dans ce territoire, trois communes sont recensées parmi les plus pauvres du pays (+ 45,8%) : Ponérihouen, Hienghène, Pouébo. 

La province des Iles reste le territoire le plus touché par la pauvreté. Lifou est l'île la moins impactée. En revanche, Maré est la commune comptant le plus haut taux d'habitants en situation de pauvreté du Caillou, plus de la moitié de sa population (52,9%).

Le taux de pauvreté par commune en Nouvelle-Calédonie.

Peu d'améliorations sur les inégalités 

Face ce constat, Marcel Thoyon étend ses zones de distribution, surtout sur la côte Est ces dernières années. "On a constaté là-bas des familles dans la précarité alimentaire et vestimentaire. Nous avons beaucoup de jeunes couples avec des enfants qui se manifestent pour demander du linge", fait remarquer le président d'Action solidaire. 

Ces dernières années, peu d’améliorations sur les inégalités en Calédonie sont constatées. Les chiffres sur la pauvreté demeurent quasiment au même niveau.

Ci-dessous, le reportage d'Aurélien Pol et Ismaël Waka-Céou : 

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