Aujourd'hui en grande difficulté, la Sic, la société immobilière de Nouvelle-Calédonie gère près de 11 300 logements, où sont hébergées 27 000 personnes, soit 1 Calédonien sur 10. Comme de nombreux organismes locaux, la crise en cours dans le pays fragilise la situation financière du bailleur historique.
La Sic se voit aujourd'hui dans l'obligation de faire d'importantes économies. La société va donc suspendre ses principaux investissements des deux prochaines années. Tout en garantissant, dit-elle, l'hygiène et la sécurité des logements.
Des emplois menacés
Les dépenses de fonctionnement vont elles aussi être revues à la baisse. Peu de visibilité en revanche aujourd'hui sur de possibles licenciements, une piste que n'a pas écartée par le président du conseil d'administration Peteleo Sao, même si le dialogue reste de mise avec les organisations syndicales. "Si les pertes enregistrées se confirment et s'aggravent, la cessation de paiements ça veut dire aussi la liquidation de la société. Donc bien évidemment, nos emplois sont menacés, du fait qu'on ne perçoit pas les loyers."
800 millions de loyers impayés
Des loyers impayés dont la SIC estime qu'ils pourraient représenter 800 millions de francs d'ici la fin de l'année année. Ce serait presque le triple par rapport à 2023. À la fin juillet, elles s'élevaient déjà 320 millions. La vacance des appartements, elle aussi s'amplifie depuis mai dernier. Et il faut encore ajouter à cela le fait que le territoire ne verse plus les 170 millions de francs d'aide au logement à la SIC.
À ce jour, 556 ajustements ou nouvelles demandes d'aide au logement ont pourtant été traités depuis le 13 mai. Pour les 3199 familles qui en bénéficient, l'aide représente en moyenne 53% du loyer.
Des réformes structurelles
Autant de facteurs qui rendent le plan de survie indispensable selon Benoit Naturel, le directeur de l'entreprise. "On l'active parce qu'on espère, et on achète du temps en faisant ça, que dans un futur assez proche des solutions puissent être trouvées sur les réformes structurelles qu'on appelle tous de nos vœux dans le secteur du logement en Calédonie."
Un fonds de garantie
Un appel du pied aux pouvoirs publics. La direction de la SIC souhaiterait notamment la création d'un fonds de garantie des loyers impayés. Il pourrait passer selon elle par le fameux PS2R, le plan de sauvegarde et de reconstruction envisagé par le gouvernement.
Des expulsions nécessaires pour "l'équilibre général" du système
Une situation très tendue qui pourrait même entraîner des expulsions. Ces décisions sont prises de manière partenariale, car les communes et les provinces interviennent aussi dans l’environnement du logement social. "Ce sont des discussions qu’on a aujourd’hui pour qu’on puisse faire les expulsions, qui vont être nécessaires, aux familles qui sont les moins regardantes vis-à-vis du paiement du loyer", détaille Benoit Naturel. "Parce qu’à l’inverse de nombreuses familles font des efforts et essayent d’honorer coûte que coûte le paiement du loyer.
"Je ne sais pas dans quelles proportions [...] mais il faudra nécessairement pour l’équilibre général arriver à ce type de solutions extrêmes."
Benoit Naturel, directeur de la Sic