Pierre Gugliermina, ancien dirigeant des groupes Eramet et ArcelorMitall, expert des processus industriels complexes du nickel et de l’acier, rejoint les Conseils de direction de SNNC et KNS (groupe SMSP), deux sociétés portant les intérêts de la Nouvelle-Calédonie et de sa Province Nord à majorité indépendantiste.
"Cela démontre que pour relancer et optimiser son industrie, la Nouvelle-Calédonie est capable de dépasser les symboles et les antagonismes du passé en choisissant les conseils d'un métallurgiste hors pair", a déclaré un industriel calédonien du secteur sous couvert d’anonymat.
L'industrie calédonienne du nickel est plus que centenaire et nous croyons en son avenir
Pierre Gugliermina est l'un des meilleurs connaisseurs de l'industrie du Territoire. Durant les années passées à la SLN, il a su préserver des liens et des échanges constructifs avec ses voisins de l'Usine du Nord : "Pierre ne s'en est jamais vanté, mais pour lancer les fours de l'usine du Koniambo et tester le processus sensible de démarrage chez KNS, c'est la SLN qui a livré les produits nécessaires", se rappelle un métallurgiste du Territoire.
Communiqué de la Société Minière du Sud Pacifique (SMSP)
La Nouvelle-Calédonie a moins produit
Le nickel vaut 20.000 dollars la tonne, un cours au plus haut depuis mai 2014. Le Territoire a donc tout intérêt à relancer ses trois usines, à commencer par la production de l'Usine du Nord qui est quasiment à l'arrêt.
L’année qui s’achève aura été mauvaise pour la Nouvelle-Calédonie avec une production métallurgique globale en baisse de plus de 30 %, selon les dernières données du bureau d’étude international du nickel (INSG). "Et pourtant il y a un vrai potentiel, on parle d'un des plus importants producteurs mondiaux de nickel", estime Jim Lennon, analyste de Macquarie.
Pierre Gugliermina et l'alchimie du nickel
Après avoir permis à la Société Le Nickel, berceau mondial de l’industrie de ne pas sombrer pendant la tempête de 2016 et l’effondrement des cours du nickel, c’est désormais un nouveau challenge qui s’ouvre : relancer Koniambo Nickel.
"KNS fait appel à Pierre Gugliermina pour son expertise et pour tenter de résoudre les problèmes de production de l’usine. Mais on peut aussi imaginer une mission plus large qui serait d’envisager une convergence, une plus grande entente entre les trois usines du Territoire. Il a été le patron de la SLN, c’est donc un ancien d’Eramet dont l'Etat est un soutien important", estime un ancien dirigeant calédonien de l’industrie du nickel.
Pour la France, le nickel est essentiel à la transition énergétique, c'est un minerai et un métal stratégique. La Nouvelle-Calédonie est le seul territoire disposant d’une filière industrielle et minière. Les trois grandes usines et leurs mines sont épaulées par l’Etat et trois industriels du secteur : Eramet, Glencore et Trafigura.
Le Ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu n’a pas dit autre chose pendant sa visite du complexe industriel de Prony Resources New Caledonia (Usine du Sud) ) : "Il y a trois usines en Nouvelle-Calédonie, les trois doivent avoir un avenir. On ne peut pas être plus clair".
Simple coïncidence ou première réponse au Ministre ? KNS a annoncé que Pierre Gugliermina intègre l’équipe de direction de la SMSP, la Société Minière du Sud Pacifique.
La France et l'industrie calédonienne du nickel. Ecoutez les propos de Sébastien Lecornu, Ministre des Outre-mer, pendant sa visite dans l'usine du Sud (Prony Resources New Caledonia).