Un sous-marin nucléaire d’attaque français était en mer de Chine

Sous-marin d'attaque français de la classe Barracuda. Douze de ces navires de dernière génération vont être construits en Australie

Un sous-marin d'attaque à propulsion nucléaire a patrouillé en mer de Chine méridionale, a annoncé le ministère des Armées, dans un contexte de tensions croissantes sur cette zone maritime et insulaire revendiquée par Pékin.

La marine américaine a également indiqué que deux bâtiments avaient mené des opérations conjointes dans ces mêmes eaux alors que les Etats-Unis continuent de contester la souveraineté de la Chine dans la région.

Ces deux annonces donnent à penser que la France et les Etats-Unis entendent naviguer librement dans ces eaux proches de la Chine.

Protéger nos zones de souveraineté

Dans un communiqué le ministère français des Armées souligne l'attachement de la France au respect des principes du droit maritime et sa volonté, puissance de l'Indopacifique, de protéger ses zones de souveraineté.

"Cette stratégie repose notamment sur des engagements opérationnels, sur une tradition de coopération avec les États de la région et sur une diplomatie de défense qui contribue notamment au soutien du multilatéralisme, du droit international et du principe de liberté de navigation", écrit le ministère.

Les Etats-Unis contestent les revendications territoriales de la Chine dans la région, l'accusant de militariser la mer de Chine méridionale et de tenter d'intimider ses voisins, notamment la Malaisie, les Philippines et le Vietnam, dont les revendications croisent celles de la Chine.

Pékin, de son côté, affirme détenir une souveraineté irréfutable dans la mer de Chine méridionale et a accusé les Etats-Unis d'alimenter délibérément les tensions.

Loin et longtemps

Dans sa mission de patrouille en mer de Chine méridionale, baptisée "Marianne", le sous-marin nucléaire français Emeraude (classe Rubis) était accompagné du bâtiment de soutien et d'assistance, La Seine. L’Emeraude est un sous-marin d’attaque qui est destiné à des missions de combat, de protection, de renseignement et de projection de puissance.

Sur Twitter, la ministre française des Armées, Florence Parly, a estimé que cette mission témoignait des capacités de la Marine nationale à se déployer loin et longtemps, sur toutes les mers du globe, en coopération avec les alliés de la France, comme le Japon, l'Australie ou les Etats-Unis.

L’Émeraude, accompagné d’un navire de soutien, a pris le large à 15 000 km de la grande base de Toulon dans le cadre de la mission Marianne qui, depuis septembre 2020, consiste à patrouiller dans la zone "indopacifique" pour "montrer qu’on est toujours là militairement", explique Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de la Chine, contacté par France 24.

La France puissance de l'Indopacifique

Dans un contexte géopolitique très tendu dans les régions maritimes asiatiques – tensions sino-américaines en mer de Chine méridionale etautour de Taïwan, contentieux commercial et politique entre Pékin et Canberra –, la France veut rappeler qu’elle a des intérêts propres dans la région sur lesquels elle compte veiller.

La France essaie ainsi de se poser en garant du droit de naviguer librement dans les eaux internationales. "C’est une façon de dire à nos partenaires australiens, indiens ou encore japonais que nous ne faisons pas que des beaux discours. La France n’aura de crédibilité dans la région que si elle démontre qu’elle est prête à agir pour défendre ses principes", résume Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste de l’Asie, interrogé par France 24.

La France est engagée au côté de l'Australie pour lui fournir douze sous-marins de supériorité océanique dérivés du Barracuda. Ce contrat est l'un des piliers essentiels de la relation franco-australienne.