La fougère de Nouvelle-Calédonie, Tmesipteris oblanceolata, a cinquante fois plus de matériau ADN dans ses cellules que les humains. Une fois déroulée, cette structure hélicoïdale s'étendrait sur 106 mètres. Une équipe scientifique est venue étudier cette petite fougère en 2023 avec des scientifiques locaux. Ils ont publié les résultats dans la revue iScience, ce qui a convaincu le Guinness World Records de décerner à la fougère le "titre de plus grand génome".
En effet, le génome contient un ensemble de paires de nucléotides, des bases, rassemblant le matériel génétique d'un organisme. Celui de la fougère compte 160 Gbp (milliards de bases), soit 7% de plus que le précédent record tenu par la plante japonaise Paris japonica. Le génome humain est loin derrière à 3,1 Gbp.
Extrêmes de la biologie
"On pensait avoir déjà atteint une limite biologique" avec Paris japonica, a dit Ilia Leitch, chercheur aux jardins botaniques britanniques royaux Kew et co-auteur de la nouvelle étude."On est aux extrêmes de la biologie", selon elle, avec cette petite plante qui atteint seulement cinq à dix centimètres de haut.
Cette petite plante qui n'a "l'air de rien" prouve que "les détenteurs de records ne sont pas toujours les plus démonstratifs vus de l'extérieur", selon le responsable de l'organisation, Guinness World Records Adam Willward.
"Un grand mystère"
Il pourrait bien exister un génome plus grand ailleurs, mais celui de la fougère est sans doute proche de la limite. "Je ne comprends pas comment un organisme avec autant d'ADN peut fonctionner", s'interroge la scientifique, Ilia Leitch. "Comment une cellule peut contenir 106 mètres d'ADN dans moins d'un demi-millimètre de diamètre?".
Les scientifiques ne savent pas trop à quoi peut bien servir une telle quantité d'ADN, certains parlant même d'"ADN poubelle".
Mais pour Ilia Leitch, cela reflète "sans doute notre ignorance" car il a "peut-être une fonction qu'il nous reste à découvrir".
Le botaniste Jonathan Wendel de l'université de l'Iowa, en convient. N'ayant pas participé à l'étude, il a confié son "étonnement" devant le génome de la fougère de Nouvelle-Calédonie.
"Le sens de ces variations (dans le génome) est un grand mystère. Comment ces génomes grandissent et rapetissent, et quelles sont les causes et conséquences pour l'évolution de ces phénomènes?", interroge-t-il.