C’est par la voix de son porte-parole Charles Washetine que le parti indépendantiste Palika a confirmé sa volonté de rencontrer le 3ème partenaire des Accords. Il devrait le faire en novembre, lors de la visite du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et du ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco. Voici l'essentiel de ce que l’on peut retenir de l’entretien de Charles Washetine, invité politique du dimanche soir de Steeven Gnipate.
La promesse non tenue des indépendantistes
" Ce qui est remis en cause, tout au moins pointé par nous (le Palika), comme étant un problème, c’est le fonctionnement du Front (FLNKS) et également la question du mode de décision ", commence calmement le porte-parole du Palika. Celui-ci regrette la non participation des indépendantistes aux discussions à Paris et tacle au passage ses partenaires de l’Union calédonienne, du RDO et de l’UPM, qui ont décidé de ne plus aller à Paris : "c’est nous qui avons demandé une réunion extraordinaire du bureau politique à Wagap (le 13 octobre 2022) pour qu’on explique ce qui se passe. L’Union Calédonienne a confirmé sa volonté de ne pas aller à Paris, suivie par le RDO qui devrait être le chef de la délégation pour la rencontre. Finalement, l’UPM et le Palika étaient seuls à vouloir se rendre à Paris." Il rappelle que, le 15 septembre dernier, la délégation indépendantiste, reçue par le ministre délégué aux Outre-Mer, avait pris un "engagement explicite" pour se rendre à Paris.
C’est un référendum bidon ! On l’a dénoncé, on continue à le dénoncer mais il fallait qu’on retrouve le fil du dialogue. Malheureusement après le bureau élargi de Wagap , l’UPM se rétracte et le Palika se retrouve d’une certaine manière seul.
Charles Washetine, porte-parole du Palika
Charles Washetine pointe là une " instrumentalisation du FLNKS ". "Naturellement, au vu des engagements des uns et des autres, il y a d’autres enjeux au sein des mouvements, qui malheureusement déteignent sur le fonctionnement du Front, notamment par rapport au suivi du processus de décolonisation qui est engagé avec la France. " A savoir que le renouvellement des instances se fera en fin d’année.
« Le moteur de la décolonisation est le transfert des compétences »
Deux jours après la Convention des partenaires qui s’est déroulée à Paris, vendredi 28 octobre, à laquelle les indépendantistes n’ont pas assisté, Charles Washetine souhaite que les discussions s’ouvrent assez rapidement, car le calendrier de 2024 est assez chargé avec le renouvellement des instances politiques. Il faut « pour nous, que la question de la sortie de la décolonisation soit traitée, avoir des indications fortes pour voir comment on s’affranchit de la question de l'Accord de Nouméa."
Le porte-parole du Palika estime qu'il fait aller "jusqu’au bout du processus". "L’accord a un caractère transitoire. Le moteur de la décolonisation est le transfert des compétences. Aujourd’hui, on arrive au terme des compétences qui ne sont pas transférées. Il faut qu’on y travaille."
Participera ou non aux groupes de travail proposés par l’Etat ?
A cette question de la participation des indépendantistes aux groupes de travail, proposés à l'issue de la Convention des partenaires, Charles Washetine tarde à répondre et finit par lâcher « certainement ». Et de poursuivre : "on va voir pour le moment, on l’a dit à Carenco, il y a des sujets qui relèvent des compétences de la collectivité locale. Il faut dissocier les sujets pour éviter de faire des amalgames. Ceux qui relèvent des collectivités locales doivent être traités par les institutions locales. Par contre, les sujets concernant les compétences partagées, il faut voir comment celles-ci pourraient être transférées à la Nouvelle-Calédonie. Je pense au régalien, à la défense, à la justice, etc. Ces compétences-là pourraient être exercées de manière partagée dans le cadre d’une indépendance en partenariat, que nous appelons de nos voeux."
L’Etat est « resté sourd » jusque-là
Aujourd'hui, ce qu'attend avant tout le Palika, c'est de discuter avec l'Etat. "Si on avait fait ce référendum dans les conditions normales, peut-être qu’on n’en serait pas là. L’Etat, jusqu’ici, était resté sourd aux revendications de la mouvance indépendantiste, on renoue tant bien que mal le dialogue. "
Pour lui, l'Etat est "obnubilée" par la stratégie indo-pacifique, mais il rappelle que la présence de la France ne peut se faire sans "l’aval de ceux qui vivent dans ce Pays."
Si on avait fait ce référendum dans les conditions normales, peut-être qu’on n’en serait pas là.
Charles Washetine, porte-parole du Palika
Charles Washetine rappelle que le processus de décolonisation s’est "dessiné à trois" (l’Etat, les indépendantistes et les non indépendantistes), lors des accords de Matignon puis de Nouméa, notamment pour l’accession à la pleine souveraineté. "On souhaite que cette période qui s’ouvre traite de ces questions fondamentales", insiste-t-il. " Les choses ne pourront pas se faire sans le peuple kanak !"
« Ces compétences-là pourraient être exercées de manière partagée dans le cadre d’une indépendance en partenariat, que nous appelons de nos voeux. »
Charles Washetine, porte-parole du Palika
Quid de la création du nouveau parti « Souveraineté calédonienne »
Quant à la création du nouveau parti Souveraineté calédonienne, ce samedi, à Bourail, le leader du Palika est clair sur ce point : "ceux qui se présentent dans ce nouveau parti sont d’autres personnalités qui ne se retrouvent pas au sein de l’Union calédonienne, qui restent indépendantistes malgré tout, mais qui veulent afficher, selon ce qu’ils disent, une identité propre, estime le porte-parole. Malheureusement, il y a une configuration assez communautariste, car la plupart des responsables sont des ressortissants, on va dire, de la communauté "Caldoche".
Pour Charles Washetine, nul besoin de s’engager dans "ces formes de combat portés par les communautés". "On a besoin de travailler pour l’émergence d’un peuple, des communautés de destin comme inscrit dans l’Accord de Nouméa", plaide-t-il.
Une interview de Steeven Gnipate à retrouver ici.