Usoenc : un demi-siècle de combat syndical

L’Union Syndicale des Ouvriers et des Employés de Nouvelle-Calédonie célèbre ce jeudi et ce vendredi ses cinquante ans. Le congrès de l’organisation se déroule au cœur de l’amphithéâtre 400 de l’Université, à Nouville.
Le plus vieux syndicat calédonien a accumulé les luttes et les acquis sociaux depuis 1969, mais son histoire a débuté quelques années plus tôt. Avec un cheval de bataille : travail égal, salaire égal, quelle que soit l’ethnie. La manifestation du 22 février 1956, marque la naissance d’un esprit syndical Calédonien : multiracial et progressiste. À l’époque, le syndicat Autonome de la SLN incarne ce combat. Un héritage revendiqué par Didier Guénant-Jeanson, ancien secrétaire général de l’USOENC, de 1998 à 2015. 

Il a recueilli les témoignages de vieux syndicalistes, ceux qui ont quitté ce syndicat autonome, pour fonder le Syndicat des Ouvriers et Employés de Nouvelle-Calédonie. « Le syndicat d’alors est très politique. En Calédonie on travaille beaucoup avec l’Union Calédonienne et les responsables sont des gens qui participent régulièrement à Moscou, au Congrès de la Fédération Internationale Mondiale. À l’intérieur du syndicat autonome, plusieurs personnes se plaignent alors de cette imprégnation politique. Ce sont ces gens-là qui vont sortir de l’organisation et créer le SOENC en 1965, à la SLN à Doniambo ». 
 

Premier comité d'entreprise Calédonien

Doniambo, le nickel, creusé d’un syndicalisme enraciné, qui va accompagner et soutenir les progrès sociaux. Fonds social de l’habitat, cafat, allocations familiales, retraites… en 1969, le SOENC confiné à la SLN, va s’allier à des syndicats de dockers et d’enseignants pour fonder une union : l’USOENC. Gilbert Drayton, le premier secrétaire général, va mener les grandes grèves de la SLN. En 1971 et 1978, aux côtés de Gaston Hmeun et de Guy Mennesson. Ils vont obtenir la création du premier comité d’entreprise Calédonien et de la première mutuelle à la SLN. S'en suivent les conventions collectives et des manifestations, déjà, contre la vie chère. 
En 1985, pendant les événements, le syndicat multiracial se positionne, sur le fil du rasoir. « Cette reconnaissance au droit à l’autodétermination du peuple Kanak est fondamentale sur le principe pour l’USOENC. On n’a pas attendu l’USOENC pour que ce droit soit une possibilité reconnue au peuple colonisé », assurait alors Guy Mennesson, secrétaire général du syndicat de 1977 à 1992. Au lendemain des événements et des frictions politiques internes, les syndicalistes repartent à l’action. « 1989 en Calédonie, ce sont les premières primes d’intéressement, les premiers accords de participation, le plan épargne entreprise… et on repart dans la conquête. L’USOENC accompagne la société Calédonienne », poursuit Didier Guénant-Jeanson, ex-secrétaire général de l’organisation.
 

Accords économiques et sociaux

En 1998, l’USOENC qui se dit apolitique, appelle à voter en faveur de l’Accord de Nouméa. Les années 2000 verront ses dirigeants signer le pacte social, puis s’investir dans les accords économiques et sociaux. Le plus vieux syndicat Calédonien revendique aujourd’hui plus de six mille adhérents.  

Le reportage d'Antoine Letenneur et José Solia 
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