Vacances à cheval sur les traces des anciens

La petite troupe fait son entrée à Table-Unio, samedi 18 janvier.
Un camp de vacances riche de sens mène des ados de l'aire Ajië-Aro d'une tribu de la Chaîne à une autre, à cheval. Issus de quatre communes, parfois jamais montés en selle avant, ils sont arrivés samedi à Table-Unio. En suivant les sentiers des vieux, l'équipée suit le chemin de la transmission.
Le plus jeune des cavaliers a treize ans. Le plus âgé en a dix-sept. Samedi 18 janvier, une petite troupe à cheval fait son entrée dans la tribu de Table-Unio, aussi appelée Katricoin. Une vingtaine d’adolescents qui viennent de traverser la Chaîne centrale. Ils chevauchent depuis cinq jours. Partis de la tribu de Ouakaya, à Houaïlou, ils ont rejoint Kouaoua avant d’arriver ici, sur la commune de Moindou. 
 

Des quatre communes de l'aire

Le camp itinérant est à mettre au crédit de l’association Aiwa, basée sur Waa Wi Lûû,  et de l’aire coutumière Ajië-Aro. Une façon de mieux se connaître pour des jeunes qui viennent de Bourail, Moindou, Poya et Houaïlou. Lionel Weiri, le coordinateur, dit toute l’ambition du projet : «Renouer des liens, des liens coutumiers. Utiliser des chemins coutumiers qui permettent ces liens. Les parcourir en cheval, permettre que ces jeunes les découvrent et en même temps, tous les liens familiaux qui existent entre les lieux d’accueil, et eux.» 
 

Renouer des liens. Utiliser des chemins coutumiers qui permettent ces liens. Les parcourir en cheval, permettre que ces jeunes les découvrent et en même temps, tous les liens familiaux qui existent entre les lieux d’accueil, et eux.
- Lionel Weiri, coordinateur du camp

 
A l'approche de la maison commune, dans la tribu de Table-Unio.
 

«Les chevaux glissaient»

Le périple n’est pas de tout repos. Les cavaliers ont rencontré des passages difficiles dans la forêt, surtout qu’il a plu une partie de la journée. «Tout le long de la route, il pleuvait, décrit un participant. Ça fait que c’était humide. Les chevaux, parfois, ils glissaient. Sinon, c’était bien. Très bien.» Le périple n'est pas à l'abri des chutes. Mais les randonneurs équestres portent le «casque». Certains des jeunes montaient à cheval pour la première fois. Un défi, pour Abel Euribéari, l’accompagnateur équestre. 
 

Pendant un mois, on les occupe, pour découvrir les sentiers de leurs grands-pères, de leurs arrières-grands-pères, et ils ne font pas de bêtise, ils sont à la forêt tous les jours.
- Adrien Diroua, membre de l'aire Ajië-Aro

 
 

Coutume

A l’arrivée dans chaque tribu, les arrivants font le geste et c’est l’occasion d’entendre la parole des coutumiers. L’aire Ajië-Aro intervient en soutien car au-delà des liens, il s’agit d’occuper la jeunesse tout en transmettant les valeurs culturelles. «Nos jeunes, on les critique trop, partout en Calédonie, mais on ne fait rien pour eux», pose Adrien Diroua, membre de l'aire, pour le district de Mwâârhûû (Moindou). «Alors là, pendant un mois, on les occupe, pour découvrir les sentiers de leurs grands-pères, de leurs arrières-grands-pères, et ils ne font pas de bêtise, ils sont à la forêt tous les jours.»
 

Du 14 au 24 janvier

Le camp itinérant va continuer cette semaine à travers d’autres tribus de la Chaîne, à Bourail et Poya. C'est vendredi, à Houaïlou, que l'équipée doit s'achever.
Un reportage de Brigitte Whaap et Philippe Kuntzmann : 
©nouvellecaledonie