Vers une filière réglementée du chanvre en Nouvelle-Calédonie ?

Les différences entre le chanvre et le cannabis.
C'est une ambition portée par le syndicat du chanvre sur le territoire qui échange régulièrement avec les membres du gouvernement. Le produit pourrait être cultivé localement puis utilisé à des fins industrielles, mais aussi thérapeutiques voire médicales. En mars dernier, les groupes AEC et UC-FLNKS au Congrès ont émis le vœu de retirer le CBD des produits stupéfiants afin de donner accès aux patients. Ils demandent aussi l’étude d’une filière chanvre locale.

Une plante aux multiples usages. S’il est cultivé sur le territoire, le chanvre pourrait être utilisé dans le domaine industriel, comme celui de la construction. C’est déjà le cas dans l’Hexagone. "Le gouvernement est prêt à faire du chanvre industriel, c'est-à-dire dans un cadre européen, avec moins de 0,3% de THC", détaille Frédéric Gérard, le président du syndicat du chanvre de Nouvelle-Calédonie. "Aujourd'hui il y a plus de 50 000 applications industrielles connues, beaucoup dans le bâtiment. On peut faire du béton en mélangeant du bois de chanvre et de la chaux. C'est le produit phare aujourd'hui dans le bâtiment en Europe parce qu'il permet de baisser la note carbone et d'obtenir les marchés publics. On peut utiliser les fibres de différentes manières, que ce soit pour faire des tapis d'animalerie, du vêtement ou des isolants."

Des matières premières locales

Près de cent cultivateurs potentiels seraient intéressés selon le syndicat, mais aussi des transformateurs et des importateurs. "On a l'ordre des vétérinaires qui s'est positionné pour utiliser ces produits, des distillateurs d'huiles essentielles, des gens de l'agroalimentaire, et des industriels qui aimeraient sourcer localement certaines de leurs matières premières."

Du CBD avec un système de licence

Autre possibilité étudiée : l’utilisation du cannabidiol, le CBD contenu dans le chanvre, à usage thérapeutique dans le domaine de la pharmacie. Le syndicat souhaiterait l’exporter. Un cadre réglementaire devra être rédigé par le gouvernement, avec plusieurs certificats pour gérer la traçabilité des produits. "L'idée est qu'en Nouvelle-Calédonie on ait un système de licence un peu comme en France, où on se déclare auprès du préfet. Donc ici ça serait une autorité équivalente et l'objectif est de se mettre en production le plus rapidement possible. L'année dernière, en 2022, la Dass a déclaré avoir importé 6,5 kilos de ce genre de produits pour les besoins de sa pharmacie. Je pense qu'il est temps de modifier le regard sur ce sujet." 


Le syndicat échange avec d’autres associations des Outre-mer. Il espère voir la mise en place à court terme, d’une filière chanvre réglementée sur le territoire.