La libre circulation est-elle en passe d’être rétablie, signe d’un retour au calme qui semble durable un peu partout dans le Grand Nouméa, quatre mois après l'explosion de violences qu'a connu la Nouvelle-Calédonie début mai ? Il suffit en tout cas de se promener dans les derniers bastions de comités de surveillance de quartiers pour le constater : la très grande majorité des barricades qui étaient encore en place a été levée en cette fin septembre.
Réunions avec les forces de l'ordre
Cette normalisation est le fruit de plusieurs réunions avec les forces de l’ordre, qui ont permis de vaincre les réticences. Le message transmis : “Donner toutes les chances au retour à la vie normale”, raconte le membre d’une association de Tuband, qui confie tout de même “l’appréhension des habitants”, face à cette demande. "Ici, il y a une volonté très claire de nuire, par des cris, des insultes, assure-t-il. On l'entend tous les soirs, mais on a décidé de jouer le jeu. Il faut avancer même si les gens ont vécu les choses comme un traumatisme, et que cela reste très frais dans les esprits.”
Il faut avancer même si les gens ont vécu les choses comme un traumatisme, et que cela reste très frais dans les esprits.
Un membre de comité de quartier.
Non loin de là, dans une rue proche de l’école Ernest-Risbec, à la jonction du quartier du Trianon et de Tuband, les obstacles ont également été levés au cours du dernier week-end de septembre. Il y a encore quelques jours, “on avait un barrage qui était filtrant et après le couvre-feu, on avait un portail avec derrière une chaîne raconte Lionel, responsable du collectif de 80 habitants qui s’est créé au lendemain des émeutes du 13 mai.”
Vigilance maintenue
Avec les autres résidents, Lionel s’est d’abord demandé “si ce n'était pas un petit peu trop tôt. Mais comme au niveau des effectifs on avait un peu de mal à mobiliser, on s'est dit qu'il était peut-être temps de passer le relais. On a toujours un bon contact avec la police qui vient nous voir lorsqu'ils tournent et surtout on se sent d en plus en sécurité”, estime-t-il. Mais le collectif compte rester vigilant et maintenir la solidarité de voisinage qui s’est créée : “Au total, 80 personnes se sont rencontrées, se sont liées d’amitié, et ça, on n’a pas envie que ça disparaisse.”
Poches de résistance
Certains font malgré tout encore de la résistance. A Nouméa, c’est le cas, entre autres, rue Milliard, à Magenta, ou sur un axe de la Vallée-des-Colons, où une barrière scellée dans le sol empêche de poursuivre sa route.