VIDEO. Dakata : Sortir de la dépendance à l’alcool

Dakata : Sortir de la dépendance à l’alcool ©NC La 1ère
Si l’alcool est légal, il est considéré comme une drogue comme les autres par le corps médical. Sa surconsommation peut entraîner des cancers mais aussi des maladies psychiques. Et il d’autant plus dangereux, que la dépendance s’installe insidieusement. Le point dans l’émission Dakata du 27 avril 2023.

"Deux verres par jour et pas tous les jours." C’est la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé en matière de consommation d’alcool. Une consommation modérée qui n’est pourtant pas sans risques : "cela veut juste dire que le risque est limité", explique le Dr Estelle Nataf, médecin addictologue. Et la consommation est de toute façon à surveiller, poursuit-elle : "Je pense qu’il faut sortir un peu de l’image qu’on a de la personne alcoolique, c’est celle qui boit dès le matin qui a des tremblements, etc. Cette personne-là en fait elle a suivi tout un parcours […]. Elle a commencé avec des consommations festives et puis de plus en plus régulières : un verre de vin, régulièrement le soir, une bière régulièrement."

 

Production de dopamine

Car l'alcool agit sur le cerveau en entraînant un relargage de dopamine, une hormone impliquée dans le système de récompense du cerveau et qui produit une sensation  d’euphorie. En associant cette sensation de bien-être à  l’ingestion d’alcool, la mémoire fait en sorte que nous répétions ce comportement. Mais avec le temps, ce circuit de la récompense est désensibilisé et de moins en moins de dopamine est relarguée. Il faut alors des volumes d’alcool plus importants pour retrouver la sensation d’euphorie.

Or, l’alcool a des effets délétères sur la santé, il est d’ailleurs l’un des principaux facteurs de cancer : "Les trois organes les plus touchés par l’alcool sont le foie, le cœur et le cerveau, explique le dr Henri Schmitt, psychiatre. Au niveau psychiatrique, il  va favoriser l’apparition ou aggraver à peu près toutes les maladies psychiatriques que l’on connaît." A terme, l’alcool peut provoquer des démences, sans compter le rôle joué par la surconsommation d’alcool dans les accidents de voiture et les comportements violents.

 

Il est d’autant plus difficile de se passer d’alcool, qu’il est très présent dans notre quotidien, qu’il s’agisse des "coups de fête" ou de l’aura culturelle qui entoure la consommation de vin, au point de le banaliser. "Il y a une image positive de l’alcool. En Métropole par exemple, il arrive que l’on fasse goûter du cidre ou du champagne à des enfants de 10 à 12 ans."

 

Une banalisation qui entraîne aussi une difficulté à repérer les comportements problématiques. "On estime qu’il y a un retard de diagnostic d’environ 10 ans", note le dr Henri Schmitt. En cas de doute sur sa consommation, il ne faut donc pas hésiter à faire le point avec son médecin, invite-t-il.

 

Selon les cas, la prise en charge permet de réduire et contrôler la consommation, mais parfois, l’abstinence est indispensable. "C’est un travail sur le long terme, indique Estelle Nataf. C’est vrai que pour une bonne part de nos patients qui sont malheureusement déjà à un stade avancé de la dépendance, l’abstinence est la seule possibilité mais avec une vie différente et souvent beaucoup plus agréable que la vie précédente."

 

Le centre d’addictologie (Tél. 24 01 68) est situé au 83 boulevard Joseph-Wamytan à Dumbéa, près du Médipole. Les consultations, destinées aux plus de 25 ans, y sont gratuites.

Pour les moins de 25 ans, des entretiens confidentiels et gratuits sont proposés à Déclic, 7ter rue de la République à Nouméa (Tél. 25 50 78).