Le 24 septembre 1853, à Balade, la France de Napoléon III fait hisser son drapeau. Sur les hauteurs de la tribu, aujourd'hui encore, un monument atteste du fait que, ce jour-là, la Nouvelle-Calédonie est devenue une possession française. D’ici, on peut apercevoir la baie où sont arrivés, dès le milieu du XVIIIe siècle, des navigateurs comme Jean-Michel de Kermadec, inhumé en 1793 sur l’îlot Poudié, devenu un banc de sable.
"C'est la domination, l’oppression"
"À partir de Kermadec et d’Entrecasteaux, c’est de la colonisation directe, décrit Jonas Divou, guide du patrimoine et porte-parole du grand chef Bweon Pouma. C’est la domination, l’oppression. On s’est revolté. On a voulu reprendre ce qui est à nous." En 1847, quatre ans après l'arrivée des missionnaires catholiques, le père Marmoiton est ainsi tué. La mission est pillée et incendiée.
En 1853, nous n’avons pas fait coutume, soyons clairs et honnêtes.
Emmanuel Macron, le 26 juillet 2023
La prise de possession s’est faite à terre, près de l'église. Sur le document, les signatures des officiers de la corvette et des missionnaires. Aucun chef coutumier n'est mentionné. Le 5 mai 2018, Emmanuel Macron a décidé, au nom de l'Etat, de remettre les actes de possession au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Celui signé à Balade et celui signé à l'île des Pins, le 29 septembre 1853. Il voulait montrer que "nous ne sommes plus au temps de la possession, mais d’une prise de responsabilité collective".
Mercredi, à Nouméa, lors de son discours place des Cocotiers, il est revenu sur ce geste, demeuré incompris par une partie de la population. Il a reconnu "l'erreur d’avoir pensé qu’un acte unilatéral pouvait corriger un autre acte unilatéral. Ça ne peut pas marcher comme ça. J’ai compris qu’il fallait bâtir un chemin avec peut-être plus d'humilité, plus de temps."
Le président de la République a proposé que cet acte "refasse le chemin initial". "Du moment de la colonisation et ces différentes batailles, de ces moments difficiles, en partant peut-être du bon endroit", déclare-t-il. Sans jamais se prononcer sur le lieu. "Des orientations, mais beaucoup d’imprécisions", a réagi Gilbert Tyuienon de l’Union calédonienne.
On rendra le futur possible par un chemin de pardon à bâtir ensemble.
Emmanuel Macron, le mecredi 26 juillet 2023
Pour Emmanuel Macron, en tout cas, pour avancer, il faut "déplier les souffrances" du peuple premier et des autres communautés qui composent la Nouvelle-Calédonie d'aujourd'hui. Ce travail de mémoire, il a évoqué un comité de réconciliation, ouvert et indépendant, pour l'effectuer.