Tous les matins, c’est le même rituel. Depuis son décrochage scolaire l’an dernier, Thalya Trinquecoste, une jeune femme porteuse de handicaps, cherche du travail. Elle passe au crible les offres d’emploi sur la toile. Ce qu'elle recherche : "C’est plus du secrétariat, mais que de l’administratif, indique-t-elle. J’ai fait un peu de gestion, mais comme je ne suis pas très bonne en calcul, le secrétariat c’est mieux pour moi. Toutes les semaines, mes parents essaient de me trouver des boulots."
Thalya Trinquecoste souffre de dyspraxie, trouble des apprentissages, et d’un handicap moteur depuis sa naissance, mais elle a appris à faire avec. Aujourd’hui, elle a un niveau bac en gestion et administration alors elle se donne de la peine. Quand elle n’est pas devant son ordinateur, elle scrute ses mails sur son téléphone. "C’est très compliqué, confie-t-elle. On a postulé dans plusieurs entreprises. Il y a aussi job.nc et il n’y a pas de réponse. J’ai eu un entretien avec le CCAS mais ils recherchaient une secrétaire confirmée."
"Une image très négative"
Le collectif Handicaps propose des ateliers qui aident à la recherche d’emplois. On y apprend à rédiger des CV et à adapter une lettre de motivation. "Ça me fait apprendre plein de choses sur le boulot et sur moi-même. Ça m’apprend à être autonome. Je suis heureuse d’être là."
Est-ce que ça suffira à convaincre les employeurs? "Compliqué", répond le collectif qui dresse un triste constat en 2023. "Du côté des employeurs, c’est toujours aussi compliqué, explique Jeanine Kandalandu, conseillère en insertion professionnelle. Il y en a beaucoup qui préfèrent payer une taxe plutôt que d’employer des personnes en situation de handicap au sein de leur entreprise. Ils ont toujours une image très négative du travailleur en situation de handicap qui ne serait pas capable d’accomplir certaines tâches alors que ce n’est pas forcément la réalité. Parfois les personnes ordinaires ont aussi du mal dans la vie de tous les jours."
12 000 personnes concernées
La loi oblige les entreprises de plus de 20 salariés à embaucher des personnes handicapées. Le taux d’emploi est fixé à 2,5% de l’effectif total. À défaut d’embauche ou si le quota n’est pas atteint, la société paie une pénalité annuelle. En 2018, selon le collectif Handicaps, 12000 personnes étaient identifiées comme atteintes d’un ou plusieurs handicaps.