Des hausses de prix en cascade et des artisans-boulangers de plus en plus en difficultés pour faire tourner leurs boutiques… La situation devient critique pour le secteur de la boulangerie.
A la Maison du pain, à Nouméa, on a tenu bon pour ne pas pénaliser le consommateur : 120 francs la baguette industrielle, 160 francs la tradition. En 2022, seuls les produits importés ou qui ne sont pas fabriqués sur place ont augmenté. C'est le cas du sucré, des boissons, des viennoiseries. Mais l’électricité va encore grimper de 3 % en avril : soit 11 % de plus en un an.
Eviter la fermeture
Ces augmentations sont de plus en plus difficile à contenir, comme l’explique Lucas Peltier, manager. "Quand on a une augmentation particulière sur une matière première, comme le beurre, on va augmenter le (prix de) la viennoiserie. Par contre, si c’est l’énergie qui augmente, c’est toute la boutique qui devra prendre un petit peu pour compenser cette augmentation."
Car les dépenses restent les mêmes : salaires, cotisations sociales, loyers… "Tout cela, il faut qu’on continue à le payer, sinon on ferme la boutique."
Des efforts à tous les niveaux
Il y a trois ans, Jonathan Pineux s’est endetté pour transformer un local, qui est devenu La petite boulangerie. Il envisage sérieusement d’augmenter ses prix : "J’étais à 120 francs sur la baguette ordinaire. Je pense que je vais passer à 140 francs sous peu".
Une hausse qu'il répercute en deux étapes : 10 francs l'an passé et 10 francs encore cette année. "On essaie de faire attention à mieux gérer les cuissons du pain. On essaie d’entretenir le matériel pour que ça consomme un peu moins en nettoyant les filtres par exemple… Mais c’est quand même difficile de faire de vraies économies."
Des augmentations à la chaîne
La hausse des prix concerne de nombreux postes : le taux horaire de la maintenance, l’électricité, mais aussi les produits de base comme la farine (22 %), le beurre (18 %), le sucre (18 %), l’huile de tournesol (83 %) ou encore le sel (38 %). Des chiffres calculés d'après les factures des fournisseurs du groupe Dang, propriétaire de quatre boulangeries à Nouméa. Or, à l’inverse, "les clients dépensent de moins en moins du fait que la vie est de plus en plus chère".
Avec 400 baguettes vendues en moyenne par jour dans cette boulangerie du 7ème km, le pain reste un produit d’appel pour cet artisan boulanger, qui plaide pour un allègement des charges patronales. A la fois pour augmenter les salaires et redonner du pouvoir d’achat aux Calédoniens.
Dans l’Hexagone, plusieurs boulangers ont déjà fermé. La profession a annoncé qu'elle manifesterait le 23 janvier à Paris.
Le reportage télé de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry
Le reportage radio de Julie Straboni