L’indice général des prix à la consommation des ménages de l’Isee pour les douze derniers mois vient de tomber. Et sans surprise, il est nettement en hausse par rapport à 2021.
Sur une année glissante, de décembre 2021 à décembre 2022, cet indice a grimpé de 4,9 % en Nouvelle-Calédonie (+ 4,7 % hors tabac). C’est beaucoup, mais c'est tout de même un point de moins que dans l’Hexagone où les prix ont augmenté de 5,9 % sur un an, selon l'Insee, l'équivalent de l'Isee en France métropolitaine.
Les prix de l'alimentation flambent
Cette inflation relevée par l'Isee est nettement inférieure, également, aux observations de l’UFC-Que choisir, pour qui le prix du panier calédonien a flambé : + 14,5 % en 2022. Mais cet écart s'explique facilement.
Pour calculer son indice, l’Institut de la statistique et des études économiques prend en compte un large panel de dépenses (alimentation, essence, électricité, service...), quand le panier de l’UFC-Que choisir, lui, se concentre sur une trentaine de produits de consommation courante.
Mais dans le détail, l’Isee le confirme. Les prix de l’alimentation ont bien connu une forte hausse : + 10,9 % sur une année. Pire, si on extrait les boissons de cette catégorie, l'augmentation relevée sur les produits alimentaires est de 12,4 %. Un chiffre plus proche de l’inflation constatée par l’UFC-Que choisir.
Le tabac et les boissons sans alcool en forte hausse
Cette évolution des prix de l'alimentation s’accélère en décembre 2022 : + 2,2 %, après une augmentation de 0,5 % en novembre. Les prix des légumes s’envolent : +13,9 % en décembre, "après deux mois consécutifs de baisse", signale l’Isee. C’est particulièrement vrai sur les salades, les choux, les courgettes, les concombres et les carottes. Les prix du poisson et des produits de la mer bondissent de 3,7 % en décembre également, du fait, surtout, de l’augmentation des prix des crevettes fraiches et de la langouste.
Lissés sur l'année, les prix d'autres produits classés dans la catégorie "alimentation" ont connu, eux aussi, une forte hausse en 2022 : le tabac (+9,3 %) et les boissons non alcoolisées (+8,2 %).
Les tarifs de l'aérien et de l'énergie font des bonds
Le rayon alimentaire n'est pas le seul concerné par l’inflation. Celle-ci touche aussi les transports (+7,5 % sur un an). Une augmentation liée notamment à la "hausse saisonnière des prix des transports internationaux aériens en fin d'année", souligne l'Isee. La facture grimpe également dans les hôtels et les restaurants : + 4,6 % en un an.
Enfin, les prix du secteur de l’énergie (gaz, carburants…) s’enflamment : +11,3 % en 2022. Ce phénomène est dû principalement aux nombreuses augmentations du prix à la pompe, à l’image de l’Hexagone.
Seules les communications et le secteur de l’habillement voient leur prix fléchir : respectivement -3,3 % et -8 % sur les douze derniers mois.
Ecoutez les réactions des consommateurs calédoniens au micro de Julie Straboni
Une inflation plus forte pour les ménages les plus modestes
Depuis septembre 2022, l’Isee propose un suivi spécifique de cet indice des prix à la consommation pour les 20 % des ménages les plus modestes. "La hausse des prix est d’autant plus violemment ressentie qu’un ménage dispose de peu de revenus", signale l’Institut.
C’est particulièrement vrai pour l’alimentaire, qui représente 27 % des dépenses des Calédoniens aux revenus les plus modestes, contre 21 % pour le budget moyen calédonien. Pour cette catégorie de la population la plus défavorisée : l’inflation est de 5,3 % en 2022, soit 0,4 points de plus que pour l’ensemble des habitants.
Ecoutez les explications d'Olivier Fagnot, le directeur de l'Isee, au micro de Julie Straboni.
Une inflation exceptionnelle
En revanche, si l'on tient compte de l'augmentation des prix sur une année civile, autrement dit de janvier à décembre 2022, cette inflation est de 3,7 %, contre 4,9 % de décembre 2021 à décembre 2022. Cette différence entre les deux taux s'explique par le fait que les hausses de prix étaient plus faibles en début d'année 2022.
Pour autant, une inflation de 3,7% reste "exceptionnelle" en Calédonie, confirme Olivier Fagnot, le directeur de l'Isee. "C'est même du jamais vu depuis trente ans". Seules les années 2006 et 2008 ont été marquées par une hausse importante des prix avec une inflation "d'environ 3 %", indique le directeur de l'Isee.
Vers une hausse des prix "inédite" en 2023
En toute logique, 2023 s'oriente aussi vers une inflation importante, voire inédite, selon Olivier Fagnot. "On note un décalage par rapport à la Métropole, pour différentes raisons et notamment l'insularité, le fait que nous importons énormément de biens et de services. L'inflation actuellement observée en Métropole va donc probablement arriver (ici) dans les prochains mois".
Cette crainte concerne notamment les produits manufacturés, qui avaient été épargnés récemment par l'inflation.
Le décryptage de Julie Straboni