L'agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie vient de publier son baromètre "Santé jeune 2019", dont l'objectif est d'améliorer les connaissances sur la santé et les comportements des jeunes scolarisés. Parmi les thèmes abordés : les violences physiques et psychologiques, et le suicide.
Comment se porte la jeunesse calédonienne ? L'Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie (ASSNC) a dévoilé, mardi 6 avril, son second Baromètre santé jeune (document PDF). Au cours de cette enquête, 3 435 élèves* âgés de 10 à 18 ans ont ainsi été interrogés entre juillet et septembre 2019. Objectif : en savoir plus sur ce que ces jeunes scolarisés en collèges et lycées vivent au quotidien.
NC La 1ère s'est plongé dans ce document pour en retenir cinq infos importantes.
1. Les "10-12 ans" sont les plus touchés par les violences
Les chiffres sont édifiants : 30% des jeunes de la province des îles déclarent avoir été "battus, poussés, secoués dans tous les sens, reçus des coups de pied ou été enfermés au cours des 30 derniers jours", contre 13,4% des jeunes de la province Nord et 13,3% de la province Sud. Cette violence touche filles et garçons et va en décroissant avec l'âge. Les "10-12 ans" sont les plus touchés, devant les "13-15 ans" et les "16-18 ans".
2. Des faits qui ont lieu à 53,9% en milieu scolaire
Ces violences ont eu lieu à 53,9% des cas "à l'école", à 44,1% "à la maison" et à 18,7% "dans le quartier", selon le baromètre de l'ASSNC. "Ces jeunes ont peur à l'école. Peur de subir des violences physiques et des violences verbales", constate la docteure Pascale Domingue-Ména, médecin à l'Agence sanitaire et sociale, interrogée par NC La 1ère. Et peu d'entre eux osent se confier.
Ils vont en parler aux amis et à la famille, mais très peu osent en parler aux structures d'accompagnement qui existent dans les collèges et dans les lycées.
A noter que 58,8% des jeunes âgés de 13 à 18 ans assurent se sentir toujours ou la plupart du temps à l'école en Nouvelle-Calédonie. Un chiffre faible en comparaison avec la Nouvelle-Zélande où cette proportion atteint 86,9 % des étudiants de 13 à 17 ans.
3. Des disparités géographiques et de genre
Ce baromètre révèle également que les violences psychologiques sont diversement ressenties par les jeunes calédoniens selon leur lieu de résidence. En province des Iles, ils sont en effet 52,1% à déclarer avoir été "moqués, insultés, ignorés ou tenus à l'écart" contre 30,4% dans le Sud et dans le Nord. Paradoxalement, les jeunes des Iles sont plus nombreux à se déclarer "très heureux" en regard des deux autres provinces (48,6% dans les Iles, 34,6% dans le Nord et 28,9% dans le Sud).
Autre constat : il y a plus de filles que de garçons qui déclarent avoir été victimes de ces violences. Elles sont 36,1%, contre 27,6% pour les garçons.
4. Des tentatives de suicide en augmentation
Sur l'ensemble des 10-18 ans, 15,7% déclarent avoir sérieusement envisagé de se suicider au cours des 12 derniers mois. Là encore, avec une disparité de genre puisque les filles sont deux fois plus nombreuses (21,8%) que les garçons (9,4%) à déclarer à y avoir pensé. En revanche, les idées suicidaires n'ont pas beaucoup progressé chez les jeunes depuis la dernière enquête de 2014 qui rapportait un chiffre de 14,7%. Un pourcentage très proche de ce qui été mesuré en Polynésie française (14,4%), au Vanuatu (14,8%) et en Nouvelle-Zélande (15,7%).
L'ASSNC observe cependant une augmentation du nombre de jeunes ayant tenté de se suicider, le chiffre passant de 6,8% en 2014 à 9,8% en 2019. Là encore, on note les mêmes différences entre les filles, plus nombreuses (13,9%) que les garçons (5,6%) a avoir tenté de se suicider au cours des douze derniers mois. Des chiffres qui connaissent là encore des disparités géographiques entre la province Nord (12,4%), la province Sud (9,4%) et la province des îles Loyauté (8,1%).
Les explications de Yvan Avril :
5. La prévention comme axe de priorité
Ce baromètre qui "pointe les domaines dans lesquels les progrès sont à accomplir" doit permettre "d'identifier de nouvelles perspectives" pour que "les actions de prévention soient les plus pertinentes et efficientes possible", indique Valentine Eurisouké, membre du 16ème gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en charge de la santé, de la jeunesse et des sports.
*Enquête réalisée sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie auprès d’un échantillon représentatif des élèves inscrits dans le second degré.