Groupe par groupe, Sébastien Lecornu s’est infligé un véritable marathon politique, ce samedi au haut-commissariat. Il aura évoqué avec les uns et les autres la crise sanitaire, les problèmes économiques et à peine abordé les perspectives d’avenir ou les inégalités sociales…
Car c’est bien la date du 12 décembre et la troisième consultation qui ont envahi l’espace de parole. Où chacun a motivé ses positions.
Pour l'Avenir en confiance, "l'État peut garantir la sécurité du scrutin"
Premier groupe à avoir été reçu, l’Avenir en confiance a redit sa position au ministre des Outre-mer. Il faut maintenir le référendum au 12 décembre. Selon Virginie Ruffenach, qui s’est exprimée à la sortie de l’entretien avec Sébastien Lecornu, "l’État peut garantir la sécurité sanitaire du scrutin", en permettant pourquoi pas le vote en plein air, ou en élargissant les horaires d’ouverture des bureaux de vote.
"Évidemment, la question de la date du référendum a mobilisé une bonne partie de cet entretien. On considère aujourd’hui qu’il n’y a pas de raison objective, de reculer encore la date de sortie d’accord de Nouméa. Dans un peu moins de deux mois, nous ne serons plus dans la même situation qu’aujourd’hui, nous l’espérons. Il n’y a aucune raison objective, de demander le report de cette consultation majeure pour l’avenir des Calédoniens, au jour où nous parlons".
Le groupe UC-FLNKS et nationalistes et Éveil océanien réitère la demande de report
Le groupe UC-FLNKS et nationalistes et l'Éveil océanien a pris la suite. Une délégation emmenée par le président du groupe au Congrès, Pierre Chanel Tutugoro, qui à sa sortie, a expliqué avoir réitéré au ministre la demande de report du référendum. Même si une accalmie, devait être constatée sur le front de l’épidémie. Il estime que l’impact psychologique sur la population, ne permet pas le déroulement serein du scrutin.
Concernant la non participation du camp indépendantiste en cas de maintien du 12 décembre, évoquée par Daniel Goa, président de l’Union Calédonienne jeudi, Pierre Chanel Tutugoro botte en touche, renvoyant à une décision future du FLNKS.
"L’éventualité d’appeler à une non participation, c’est le président Goa qui l’avait annoncée dans son courrier. On a passé du temps à expliquer et à motiver cette démarche. Lui, nous a conseillé de ne pas trop se précipiter et d’attendre les prochains quinze jours, à voir comment les choses vont évoluer dans le pays", explique Pierre Chanel Tutugoro.
L'Uni toujours opposée au 12 décembre
À propos de report, l’Uni a rappelé son opposition de longue date, au 12 décembre. La crise sanitaire, n’a fait qu’ancrer ce choix, précise Jean-Pierre Djaiwé, président du groupe au Congrès. "Nous avons évoqué avec le ministre, les difficultés que l’on peut avoir pour pouvoir mener une bonne campagne. Il ne peut pas y avoir d’élection, s’il n’y a pas de campagne. C’est la situation sanitaire du pays, qui tranchera. Le ministre dit qu’il entend bien et si la situation ne s’améliore pas, l’État prendra sa décision".
Pour Calédonie ensemble, des aménagements sont possibles
Pour Calédonie ensemble, seule la situation sanitaire doit influencer le calendrier, et il existerait des aménagements, pour booster la participation. "On a fait des propositions dans ce sens, imaginé des dispositifs particuliers, pour booster la participation au référendum", lance Philippe Michel, président du groupe au Congrès. "Je pense à des heures d’ouverture des bureaux de vote plus élargies, je pense à la possibilité d’élargir le nombre de procurations… prendre des initiatives qui permettent de garantir une expression démocratique, aussi large que possible".
Verdict pour le référendum, d’ici deux, à trois semaines. Pour ce qui est de ces sept heures d’entretien, tous ont été unanimes, pour saluer les échanges francs et directs avec le ministre.
Le reportage de Bernard Lassauce et Nathan Poaouteta :