Ses débuts comme basketteur, le soutien de sa famille, ses choix de carrière, ou encore son rapport à l'équipe de France... Autant de sujets qui restent à découvrir sur le joueur des Blazers d'Osaka, en première division japonaise. Lui et ses proches racontent.
Depuis qu'il a quitté la métropole en 2017, Jhon Wendt, 27 ans, a foulé les salles des premières divisions belges, turques, russes, et nippones. Des championnats, notamment les deux derniers, habitués à recruter la crème des étrangers. L'ancien joueur de l'Ajar Mont-Dore (association des jeunes de l'alliance réunie) est devenu une espèce rare. NC La 1ère vous propose d'en savoir plus sur ce sportif de haut niveau.
1. Il aurait pu être basketeur
"Je pratiquais plusieurs sports en même temps. Je jouais au Mont-Dore Basket Club (MDBC) et je faisais de l'athlétisme. On m'a demandé si je voulais faire du volley. J'ai accepté d'essayer, comme le reste, raconte à NC La 1ère ce sportif d'1,98 m pour 94 kg, à la détente verticale et la mobilité impressionnante. Ça m'est tombé dessus comme ça, du jour au lendemain. J'ai choisi le volley au détriment du basket."
En 2005, il intègre le centre territorial d'entraînement (CTE) de volley nouvellement crée à Nouméa. Les cours se déroulent au collège de Mariotti, et aux entraînements, il côtoie certains qui, comme lui, vont rejoindre par la suite la métropole. "Il y avait Maoni Talia, Quincy Manuopuava. On a fait les interpôles avec cette génération. C'est parti de là. On m'a proposé de venir en décembre dans une structure volley, alors qu'en basket, c'était juillet, pour la rentrée d'après. Du coup, j'ai accepté direct, et je suis parti !", confie le Mondorien dans un éclat de rire.
2. Il est passé par trois structures fédérales
Gérard Denaja, ex-entraîneur de l'équipe de France féminine et de l'Arago de Sète en première division masculine, est un ancien conseiller technique de la ligue calédonienne de volley-ball. Il garde un très bon souvenir Jhon Wendt au CTE. "Il avait quelque chose d'assez extraordinaire, une qualité que j'aime beaucoup : c'était un joueur explosif, vif, rapide, détaille-t-il. Je n'étais pas certain qu'il puisse faire une carrière exceptionnelle avec cette qualité-là. Il fallait que le mental suive, qu'il prenne encore des centimètres et des kilos, qu'il puisse s'intégrer dans des systèmes de joueurs professionnels. Je remercie la famille de m'avoir fait confiance pour son départ au pôle France de Dinard. Et il faut aussi dire merci aux structures fédérales de formation."
Il est parti d'ici avec des points d'interrogation. Ses entraîneurs successifs ont fait de lui le joueur qu'il est aujourd'hui. Seul, ici, il n'aurait pas pu faire cette carrière.
A 13 ans, il prend la direction du pôle France de Dinard. Après six mois en Bretagne, il intègre le pôle France de Talence pour deux ans, puis le centre national de Montpellier. Il dispute les Mondiaux moins de 19 ans en Argentine en 2011. L'équipe de France termine 5e. En 2012, c'est la signature de son premier contrat professionnel à l'AS Cannes, pour deux saisons.
3. Sa famille a tenu à ce qu'il décroche son brevet
Sa mère, Juanita, l'a accompagné pendant deux mois pour l'installer en métropole. Les parents de Jhon étaient favorables à ce qu'il parte, à une condition. "En 6e, il a été désigné parmi les meilleurs élèves du collège, ce qui lui a permis de découvrir le Japon. C'était son premier voyage hors de Nouvelle-Calédonie. Pour son départ en pôle, on avait exigé avec son père, Suliano, qu'il obtienne son brevet. Côté sport, il était bon partout", raconte celle qui a pratiqué le handball au PLGC, et dont les frères ont joué au rugby sur le territoire.
Aujourd'hui, sa famille ne rêve que d'une chose : être dans un stade pour le voir jouer chez les professionnels. Seule Juanita l'a vu évoluer sous les couleurs de Mérignac, lorsqu'il était encore en formation à Talence. "On se lève, même à 2 heures du matin, pour regarder ses matchs à l'étranger à la télévision. Son petit frère, Jérémy, n'a d'yeux que pour lui".
4. Il aime partir à la découverte de nouveaux pays
Après Cannes, où il reste de 2012 à 2014, Jhon poursuit sa carrière en métropole au Narbonne Volley pendant trois ans, puis il décide, en 2017, de décoller pour d'autres aventures. "J'enchaînais beaucoup de blessures. J'ai changé mon mode alimentaire, je suis devenu végétarien. Mon agent finlandais, un ancien professionnel, m'a conseillé les championnats étrangers pour me relancer, détaille-t-il. La plupart des joueurs restent en Europe. Moi, je voulais faire un peu de tout, découvrir parce que j'aime bien voyager, et viser des bons championnats. C'est pour ça que je suis allé notamment en Turquie et en Russie."
Je me suis dis : pourquoi ne pas essayer le plus de championnats possibles ? Je voulais aussi faire une petite année en zone asiatique, et pouvoir revenir, si possible, en Europe.
Commence alors, en 2017, un périple qui débute au Lindemans Alost en Ligue A belge. Repositionné de central au poste de pointu, lui et ses coéquipiers terminent troisième du championnat et atteignent les quarts de finale de la seconde Coupe européenne, la CEV Cup. Il débarque la saison suivante dans la capitale turque, Ankara.
Avec Maliye Piyango, il parvient à prendre la 4e place d'une première division à douze équipes. Son club se hisse en quart de finale des playoffs, et au même stade en coupe nationale. Le Cagou profite de ses expériences à l'étranger pour "visiter des monuments et marcher dans les rues des villes où se déplace son équipe. Je le fais le matin, après le petit-déjeuner. Au Japon, je visite toujours au moins un temple ou un jardin avant les matchs. J'ai vu les cerisiers en fleurs, il y a deux semaines, c'était magnifique. A part dans les mangas, je n'avais jamais vu ça. J'ai de la chance, j'ai découvert plein de choses. En Turquie, pareil".
5. Il a été marqué par le championnat russe
De tous les championnats qu'il a fréquentés, le championnat russe est son préféré. "Le niveau des joueurs est très relevé, celui des équipes est le plus dense", explique-t-il. Pourtant, s'intégrer en Russie n'est pas facile. A commencer par l'adaptation ... au froid. Dans un pays aussi immense, les déplacements en avion sont aussi particulièrement longs. Il faut systématiquement passer par Moscou pour ensuite rejoindre une autre destination, raconte-t-il. On s'est parfois déplacé en train-couchettes."
L'exigence des entraîneurs peut aussi relever du challenge. "J'en ai eu un qui coachait à l'ancienne : séance de trois heures le matin, et de trois heures l'après-midi. Si tu joues en Europe, il vaut mieux avoir un coach de l'Ouest, que de l'Est', se marre-t-il.
6. Il souhaite partir du Japon
Au Japon, il joue deux matchs tous les week-ends. "Si t'as gagné ou perdu 3 sets à 2 le premier match, le deuxième, c'est la catastrophe. C'est super dur physiquement. Surtout que le lundi, pas de repos, on a entraînement ! Pendant deux mois, c'était vraiment difficile." A Osaka, trois fois par semaine, le matin, il est à la musculation, avant de passer au volley dans l'après-midi à partir de 15 heures et jusqu'à 18 heures. Les autres jours, son équipe fait du spécifique : service et surtout réception. Mais dans ce championnat où les passeurs sont moins grands, et l'ambiance dans les stades très calme, Jhon n'a pas l'impression de pouvoir exprimer son plein potentiel. Il a demandé à partir.
7. Il est tout proche de l'équipe de France
Avec un tel parcours, se pose la question de l'équipe de France. Jhon est une pièce maîtresse dans chaque club où il passe. Des équipes qui ne peuvent faire appel qu'à un ou deux joueurs étrangers, et qui lui font confiance. "C'est le joueur à qui l'on demande de faire la différence, complète Gérard Denaja. Il occupe un poste à très haute responsabilité. Quand je vois les vidéos de ce qu'il est capable de faire, je suis bluffé. J'ai envie de lui dire : 'Jhon, un bon moyen de rendre aux structures fédérales ce qu'elles t'ont apporté, c'est d'essayer de viser l'équipe de France pour les Jeux olympiques 2024, à Paris'. "
Le Montdorien, lui, rappelle qu'il a participé à un stage préparatoire au tournoi de qualification olympique à la fin décembre 2019, à Tours. Il faisait partie d'une liste de 17 joueurs, ramenée par la suite à 14 par le staff tricolore. Le Calédonien avait trois autres pointus comme concurrents : Stephen Boyer (Al-Arabi SC Doha), vainqueur de la ligue mondiale 2017 avec les Bleus et meilleur marqueur du tournoi, Jean Patry, l'attaquant de 2,08 m du Powervolley Milan, et Julien Winkelmuller, qui évolue en Turquie, à Izmir.
Hélas, il n'a pas été conservé pour le TQO remporté à Berlin par l'équipe de France. "C'était cool. Je connaissais tous les joueurs. Je suis passé par toutes les sélections jeunes, souligne-t-il. Ça m'a fait du bien de m'entraîner avec eux. Benjamin Toniutti est un très bon passeur, comme Antoine Brizard, qui est de ma génération. Des styles différents, mais très bons tous les deux."