La révision des listes électorales divise en Nouvelle-Calédonie

Congrès de la Nouvelle-Calédonie
Les indépendantistes kanak et la droite calédonienne continuent aujourd’hui d'afficher leur insatisfaction malgré la tentative d'apaisement la veille de Jean-Marc Ayrault sur la question sensible du corps électoral de la Nouvelle-Calédonie à l'approche d'un possible référendum d'autodétermination.
Devant l'Assemblée nationale mardi, le Premier ministre a exposé les "principes clairs" qui devront guider la révision des listes électorales retreintes pour les élections provinciales du 11 mai prochain. Douze magistrats nommés par le président de la Cour de cassation arrivent jeudi à Nouméa avec un vade-mecum pour siéger dans des commissions ad hoc et passer au peigne fin les listes des 263 bureaux de vote de l'archipel. La tension est montée depuis deux semaines et les premières déclarations fracassantes du président indépendantiste du Congrès Roch Wamytan qui demande la radiation de 6.720 électeurs, en s'appuyant sur un arrêt de la Cour de cassation de 2011. Les non-indépendantistes ont vivement dénoncé un "tri" entre kanak et ceux "dont le nom a le malheur de sonner plus européen que kanak", selon l'expression de Sonia Lagarde (Calédonie ensemble, centre droit) qui siège au groupe UDI à l'Assemblée nationale. La crispation pour savoir qui aura le droit de voter s'explique par l'importance toute particulière des élections du 11 mai: les élus formant le nouveau Congrès pourront décider à la majorité qualifiée des 3/5èmes d'organiser durant leur mandat (2014-2018) un référendum d'autodétermination. Avec l'accord de Nouméa (1998), la Nouvelle-Calédonie suit un processus de décolonisation par étapes, en vertu duquel a été décidé un corps électoral restreint pour les élections provinciales. L'ambiguïté des textes alimente cependant les conflits. La semaine dernière, lors de la venue de M. Wamytan reçu à Matignon puis par le président du Sénat et le ministre des Outre-mer, la position gouvernementale sur l'interprétation des textes est apparue floue. M. Ayrault a par ailleurs donné son accord de principe à la venue d'une mission de l'ONU à Nouméa pour examiner le dossier, comme le réclament les indépendantistes.
             

"Aussi sensible que la nitroglycérine" 

Les deux députés UDI ont eux fustigé l'"immixtion" des Nations unies dans les affaires intérieures françaises, alors que le but de la mission onusienne, qui devrait arriver début mars, n'est pas encore défini. Dans le week-end, le Haut-commissaire de la République Jean-Jacques Brot s'est mis de manière inédite en retrait, compte tenu des hésitations de Paris. De source proche du dossier, il aurait demandé l'arbitrage personnel du Premier ministre pour faire retomber la pression localement, évoquant "un risque non négligeable de trouble à l'ordre public". Mardi, devant la représentation nationale, Jean-Marc Ayrault a donc tranché, tout en appelant au "dialogue" entre les parties. Sont ainsi électeurs aux élections provinciales "toutes les personnes majeures installées en Nouvelle-Calédonie le 8 novembre 1998 au plus tard, après avoir satisfait à la condition de dix ans de domicile, ainsi que leurs descendants atteignant par la suite la majorité".

Source : AFP