Après 135 ans passés en métropole, les reliques du grand chef kanak Ataï, rebelle décapité en 1878 en Nouvelle-Calédonie et devenu un personnage très populaire, vont être restituées le 28 août à ses descendants et vont rentrer sur le Caillou.
Une cérémonie doit se tenir au Muséum national d'histoire naturelle où cette relique était conservée. La ministre des Outre-mer George Pau-Langevin y remettra le crâne d'Ataï et celui de son sorcier à Bergé Kawa, grand chef du district de La Foa et descendant d'Ataï, en présence de membres du Sénat coutumier kanak.
Les reliques arriveront en Nouvelle-Calédonie début septembre où elles seront déposées à la tribu de Petit Couli à Sarraméa pendant un an. Puis de nouvelles cérémonies se dérouleront pour la levée de deuil, qui viendront clore une histoire à rebondissements.
Figure du combat indépendantiste, Ataï a longtemps été l'objet de dissensions locales, son meurtre ayant été commis par un supplétif kanak, engagé aux côtés de l'armée française. Un processus de réconciliation entre clans devait être entamé avant d'envisager le retour de cette relique.
Jean-Marc Ayrault, en déplacement comme Premier ministre en juillet 2013 dans l'archipel, avait affirmé que le crâne d'Ataï "a vocation à revenir en Nouvelle-Calédonie". Cette prise de position publique n'avait été rendue possible qu'après une rencontre avec le Sénat coutumier qui s'était emparé de ce sujet ultra-sensible et tenait le rôle de conciliateurs entre clans.
L'histoire remonte à 1878, 25 ans après la prise de possession de l'archipel par la France. Ataï avait pris la tête d'une révolte dans la région de La Foa, sur la côte ouest, pour protester contre les spoliations foncières de l'administration coloniale, doublées cette année-là d'une autorisation de pâturage du bétail des colons et bagnards affranchis sur les terres cultivées par les tribus.
Son courage et sa personnalité hors norme se sont illustrés dans un épisode resté célèbre: aux pieds du gouverneur Jean Olry qui l'avait convoqué, Ataï avait déversé deux sacs, l'un rempli de bonne terre et l'autre de cailloux. "Voilà ce que nous avions, voici ce que tu nous laisses", avait-il lancé.
Pour mater la rébellion, qui fit plus d'un millier de morts kanak et quelque 200 Européens, l'armée s'était adjointe des supplétifs de Canala dans l'est. Le 1er septembre 1878, l'un d'eux, dénommé Ségou, aurait tué Ataï, qui fut ensuite décapité.
Placé dans un bocal d'alcool, sa tête fut ensuite expédiée en France, au Musée d'Ethnographie du Trocadéro. A l'époque, les scientifiques européens se passionnaient pour un nouveau champ de recherches: l'anthropologie physique, dédiée à l'étude de la diversité morphologique et physiologique des groupes humains.
Pionnier de cette discipline, Paul Broca, fondateur de la Société d'anthropologie de Paris (SAP), se serait vu remettre la tête, lui permettant de faire avancer ses travaux sur l'anthropométrie crânienne.
Ce crâne a ensuite été dit perdu, une rumeur notamment alimentée par les démarches restées sans suite de descendants d'Ataï et de leaders indépendantistes pour le retour du crâne. L'ancien footballeur kanak Christian Karembeu s'était lui aussi prononcé en faveur du retour de cette relique historique.
En 2011, un article de presse avait parlé de "la tête retrouvée d'Ataï" dans les réserves du Muséum d'histoire naturelle, après une alerte de l'écrivain Didier Daeninckx. Ce dernier, auteur d'un roman historique inspiré du destin du chef kanak et par ailleurs impliqué dans la restitution à la Nouvelle-Zélande de têtes maories par le musée de Rouen, avait eu vent de la présence du crâne au MNHN.
L'institution avait alors assuré que si les crânes d'Ataï et de son sorcier n'avaient jamais été exposés au public, ils n'avaient pour autant "jamais disparu".
Source : AFP
Les reliques arriveront en Nouvelle-Calédonie début septembre où elles seront déposées à la tribu de Petit Couli à Sarraméa pendant un an. Puis de nouvelles cérémonies se dérouleront pour la levée de deuil, qui viendront clore une histoire à rebondissements.
Figure du combat indépendantiste, Ataï a longtemps été l'objet de dissensions locales, son meurtre ayant été commis par un supplétif kanak, engagé aux côtés de l'armée française. Un processus de réconciliation entre clans devait être entamé avant d'envisager le retour de cette relique.
Jean-Marc Ayrault, en déplacement comme Premier ministre en juillet 2013 dans l'archipel, avait affirmé que le crâne d'Ataï "a vocation à revenir en Nouvelle-Calédonie". Cette prise de position publique n'avait été rendue possible qu'après une rencontre avec le Sénat coutumier qui s'était emparé de ce sujet ultra-sensible et tenait le rôle de conciliateurs entre clans.
L'histoire remonte à 1878, 25 ans après la prise de possession de l'archipel par la France. Ataï avait pris la tête d'une révolte dans la région de La Foa, sur la côte ouest, pour protester contre les spoliations foncières de l'administration coloniale, doublées cette année-là d'une autorisation de pâturage du bétail des colons et bagnards affranchis sur les terres cultivées par les tribus.
Jamais disparu
Son courage et sa personnalité hors norme se sont illustrés dans un épisode resté célèbre: aux pieds du gouverneur Jean Olry qui l'avait convoqué, Ataï avait déversé deux sacs, l'un rempli de bonne terre et l'autre de cailloux. "Voilà ce que nous avions, voici ce que tu nous laisses", avait-il lancé.
Pour mater la rébellion, qui fit plus d'un millier de morts kanak et quelque 200 Européens, l'armée s'était adjointe des supplétifs de Canala dans l'est. Le 1er septembre 1878, l'un d'eux, dénommé Ségou, aurait tué Ataï, qui fut ensuite décapité.
Placé dans un bocal d'alcool, sa tête fut ensuite expédiée en France, au Musée d'Ethnographie du Trocadéro. A l'époque, les scientifiques européens se passionnaient pour un nouveau champ de recherches: l'anthropologie physique, dédiée à l'étude de la diversité morphologique et physiologique des groupes humains.
Pionnier de cette discipline, Paul Broca, fondateur de la Société d'anthropologie de Paris (SAP), se serait vu remettre la tête, lui permettant de faire avancer ses travaux sur l'anthropométrie crânienne.
Ce crâne a ensuite été dit perdu, une rumeur notamment alimentée par les démarches restées sans suite de descendants d'Ataï et de leaders indépendantistes pour le retour du crâne. L'ancien footballeur kanak Christian Karembeu s'était lui aussi prononcé en faveur du retour de cette relique historique.
En 2011, un article de presse avait parlé de "la tête retrouvée d'Ataï" dans les réserves du Muséum d'histoire naturelle, après une alerte de l'écrivain Didier Daeninckx. Ce dernier, auteur d'un roman historique inspiré du destin du chef kanak et par ailleurs impliqué dans la restitution à la Nouvelle-Zélande de têtes maories par le musée de Rouen, avait eu vent de la présence du crâne au MNHN.
L'institution avait alors assuré que si les crânes d'Ataï et de son sorcier n'avaient jamais été exposés au public, ils n'avaient pour autant "jamais disparu".
Source : AFP