Les médecins océaniens formés à Cuba : pas si compétents !

Certains pays océaniens ont exprimé quelques réserves quant aux obstacles linguistiques de leur jeune coopération avec Cuba, en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé

Depuis plus de cinq ans, les gouvernements d’États insulaires comme Tuvalu, Kiribati, les îles Salomon, Nauru ou encore Fidji et Vanuatu, entretiennent des relations de coopération avec La Havane. Dans cette nouvelle coopération Sud-sud, il s’agit notamment de prendre en charges les études supérieures, à La Havane, d’enseignants ou d’étudiants en médecine. Dans l’autre sens, Cuba envoie aussi des médecins dans ces États océaniens.
Mais les étudiants doivent, pour accéder à cette connaissance, forcément passer par l’apprentissage de l’espagnol. De retour dans leurs pays, leurs expériences sont mitigées.
Dans certains pays bénéficiaires, on s’inquiète en effet de la capacité de ces médecins nouvellement formés à pratiquer dans la langue anglaise, alors qu’ils ont été formés en langue espagnole. Atabi Ewekia, qui dirige la cellule formation au ministère de l’éducation de Tuvalu, a ces derniers jours fait part de ses inquiétudes à ce sujet. En clair, il ne doute pas des compétences de ces médecins formés à Cuba, mais plutôt de leur capacité à communiquer efficacement avec leurs collègues ou leurs patients.
« On a eu des cas de problèmes concernant la lisibilité des ordonnances, comme la posologie qui n’est pas détaillée (….) D’autres, apparemment, ont des difficultés à faire une intraveineuse », a-t-il expliqué au micro de Radio Australie.
Dans le cas de ce pays, depuis le début de cette coopération avec Cuba, quelque 22 étudiants ont été formés à la Havane et sont depuis de retour, actifs, dans leur pays d’origine. Mais Tuvalu envisage désormais de réorienter ce programme, qui aurait aussi causé quelques soucis avec d’autres pays partenaires, comme Kiribati et les îles Salomon.
Désormais, il s’agirait de mettre l’accent sur des formations courtes et plus spécialisées, destinées à combler des déficits de compétences dans des secteurs médicaux très précis. Dans ce cadre nouveau, huit Tuvaluans, déjà médecins, devraient achever leur formation à la Havane en septembre 2015. Ils devraient ensuite passer par la case stage d’évaluation, en mode adaptation, dans un hôpital australien.
À Fidji, lors de la dernière visite de l’ambassadrice cubaine non-résidente, Maria Del Carmen Herrera Caseiro, en décembre 2014, et de ses entretiens avec le chef de la diplomatie locale, Ratu Inoke Kubuabola, il a une nouvelle fois été question de renforcer la coopération sanitaire, toujours dans le cadre de ce même programme. Selon les dernières statistiques, 19 étudiants fidjiens en médecine poursuivent actuellement leurs études à la Havane. Un premier groupe de diplômés est attendu pour 2017.


Coopération depuis 1983

 

Cuba a établi ses premières relations diplomatiques avec un pays océanien dès 1983. À l’époque, il s’agissait de Vanuatu qui, sous la houlette du Premier ministre et pasteur anglican Walter Lini, était le seul État de la région membre du mouvement des pays non-alignés. Depuis le début des années 2000, La Havane n’a eu de cesse de nouer et de renforcer ses relations, en mode Sud-sud, avec d’autres États insulaires du Pacifique, comme Fidji, Samoa, Kiribati, Tuvalu. Depuis ces années-là, le fer de lance de cette coopération cubaine en Océanie a été le programme de formation dans le secteur de la santé, qui a pris son véritable envol en 2006 et a depuis formé un total de quelque deux cent médecins océaniens. Fin juillet 2014, Gordon Darcy Lilo, alors Premier ministre des îles Salomon, a créé une première en inaugurant la première ambassade d’un État océanien à Cuba, sur fond de coopération médicale et éducative.
Cette coopération avec La Havane a été lancée il y a quelques années, avec l’envoi sur place d’étudiant salomonais dont un premier groupe d’une vingtaine de jeunes Océaniens devrait prochainement arriver en fin de cursus, au terme de six années d’études et obtenir leurs diplômes de l’école de médecine.
À terme, cet accord de coopération éducative et sanitaire prévoit de former une centaine de jeunes Salomonais et pourrait ensuite s’étendre à d’autres secteurs comme l’agriculture et le tourisme.

Source : http://newspad-pacific.info/