Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions

Delphine Ernotte Cunci lors d'une conférence de presse du groupe Orange, le 17 mars 2015, à Paris.
Une femme, Delphine Ernotte Cunci, a pour la première fois été nommée jeudi au poste très convoité de présidente du groupe public France Télévisions, où elle devra s'attaquer à un chantier ardu de réformes.
Directrice exécutive d'Orange France, entreprise où elle a fait toute sa carrière, Delphine Ernotte Cunci, 48 ans, était la dernière candidate en lice avec le vétéran des médias Pascal Josèphe pour le poste le plus important de l'audiovisuel public, attribué par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA). Les huit sages du CSA, qui n'avaient pas réussi à les départager à l'issue de deux votes successifs, ont finalement tranché jeudi après avoir auditionné les deux postulants.

Mme Ernotte, dont certains observateurs pointent l'absence d'expérience dans les médias, succèdera au président sortant Rémy Pflimlin le 22 août, pour un mandat de cinq ans. Elle rejoindra ainsi plusieurs femmes dirigeantes dans l'audiovisuel : Véronique Cayla à Arte, Marie-Christine Saragosse à France Média Monde (France 24, RFI, MCD) et Agnès Saal à l'Institut national de l'audiovisuel (Ina).

Une femme issue du service public


Selon le CSA, Delphine Ernotte, diplômée de l'École Centrale de Paris, est une "femme dotée de solides compétences en management et d'une expérience reconnue dans la gestion du dialogue social, qui a exercé des fonctions de direction au sein de l'un des plus grands groupes numériques européens, imprégné d'une forte culture de service public".

La ministre de la Culture Fleur Pellerin a "félicité" jeudi la future présidente du groupe public, se "réjouissant" de "travailler avec elle et avec l’ensemble des salariés, pour construire l’avenir de France Télévisions", selon un communiqué qui "salue" également l'action de Rémy Pflimlin.

De nombreux défis attendent la prochaine dirigeante de ce groupe de cinq chaînes, 10.000 salariés, 2,8 milliards d'euros de budget mais aux audiences vieillissantes. La future direction devra suivre la feuille de route fixée par le gouvernement : être plus audacieuse dans ses programmes, attirer le public jeune, promouvoir la culture, développer le numérique et réformer France 3, le tout avec un budget en baisse. Et, si nécessaire, renoncer à une de ses chaînes.

Stéphane Richard, le PDG d'Orange, a également félicité "chaleureusement Delphine (Ernotte) pour sa nomination, qui témoigne de ses très grandes qualités managériales et humaines", selon un communiqué, assurant qu'elle avait su remplir sa mission chez Orange "avec succès" et "pris toute sa part à l'apaisement du climat social".

Méfiance côté syndicat


Delphine Ernotte faisait partie de l'exécutif de France Télécom lors du plan de 22.000 suppressions de postes, entre 2006 et 2008, qui s'était accompagné d'une vague de suicides, rappelle la CGC médias.

De son côté, le syndicat de journalistes SNJ-France Télévisions a déploré la "procédure opaque" ayant mené à la nomination de Delphine Ernotte, qui a "préféré rester une candidate +de l'ombre+, jusqu'au dernier jour, sans rien dévoiler de son projet" stratégique. "C'est un mauvais signe pour les salariés de France Télévisions", regrette le syndicat, qui demande à rencontrer la future présidente "dans les tous prochains jours".