Les ados associent le tabac à la mort et dédramatisent le cannabis

Le tabac a de plus en plus mauvaise presse auprès des jeunes français
Jugée "meilleure au goût" que le tabac, associé à la mort, l'herbe de cannabis a une image positive et "dédramatisée" auprès des adolescents, selon une étude de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
"L'initiation au cannabis est vécue comme une expérience positive, contrairement à la première cigarette", a expliqué à l'AFP Ivana Obradovic, directrice adjointe de l'OFDT et auteure de l'étude menée entre 2014 et 2017 auprès d'un échantillon représentatif de 200 jeunes âgés de 13 à 18 ans.
             
Cette génération d'adolescents, qui a grandi avec l'interdiction de la vente de cigarettes aux mineurs et de sa consommation dans les lieux publics, associe au tabac une image "résolument négative" liée à "la mort et la souffrance", note l'étude.
             
Cette "dénormalisation massive du tabac" auprès des collégiens et lycéens, qui ne fait plus de la cigarette "un passage obligé" de la sociabilité, s'est accélérée avec la hausse de son prix depuis le début des années 2000, souligne Mme Obradovic.
             
Le cannabis, "moins cher et presque aussi facile à trouver en pratique" selon les jeunes interrogés, est perçu comme "un produit naturel, bio, moins chimique" sous forme d'herbe, laquelle est "plus rassurante en terme de composition" que la résine, qualifiée de "pneu" ou de "dégueulasse", poursuit l'auteure.

Omniprésence de l'alcool, du tabac et du cannabis

             
L'étude, qui souligne "l'omniprésence" de l'alcool, du tabac et du cannabis dans l'entourage des jeunes, s'est également penchée sur le facteur religieux, notamment chez les jeunes musulmans, face à la multiplication des incitations à consommer ces substances psychoactives.
             
"Pour certains, ces incitations sont trop fortes et ils développent des stratégies de dédoublement ou de minimisation pour garder à leurs yeux une image de respectabilité. Ils sont dans un vrai conflit intérieur", observe Ivana Obradovic.
             
La chercheuse note que les jeunes sont "demandeurs de repères et de techniques d'autorégulation" et suggère qu'une politique de prévention leur fournisse "des outils pratiques, des seuils", à partir desquels ils pourront déterminer si leur consommation est "normale ou excessive".
             
"La dégradation de l'image (du tabac) pour les jeunes générations montre que l'action publique peut fonctionner et gagner la bataille de l'image", a réagi auprès de l'AFP Nicolas Prisse, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca). "Il faut maintenant avoir la même ambition et nous mobiliser pour mieux protéger les jeunes générations de l'alcool et du cannabis", a-t-il ajouté.
             
Un rapport parlementaire, qui doit être présenté mercredi en commission des lois, préconise de sanctionner le fumeur de cannabis d'une simple amende alors que la peine de prison encourue actuellement - un an ferme - est très rarement prononcée. La mesure ne pourra pas s'appliquer aux mineurs, dont le régime juridique est différent.
             
En 2014, 48% des jeunes de 17 ans avaient déjà expérimenté le cannabis et 9 % étaient des consommateurs réguliers, selon l'OFDT.