Une attaque terroriste a fait plusieurs victimes samedi soir dans le centre de Londres. Une fourgonnette a foncé dans la foule à proximité de London bridge. Ses occupants ont ensuite poignardé des passants dans le quartier de Borough market. Deux assaillants ont été tués par la police.
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C'était un samedi soir comme les autres lorsque Londres basculé dans la terreur, à London Bridge, où une camionnette a fauché des piétons, et à Borough Market, où la police a fait état d'agressions au couteau. Une vingtaine de personnes seraient hospitalisées.
Stations de métro et rue fermées, fêtards enfermés dans les bars et restaurants, voitures de police passant toutes sirènes hurlantes : ces deux sites touristiques et festifs du centre de la capitale britannique sont passés de la fête au cauchemar peu après 22H00 samedi.
C'est le moment où une camionnette blanche a, selon un scénario rappelant des attaques terroristes survenues ces derniers mois à travers l'Europe, foncé dans la foule sur le pont de London Bridge, faisant plusieurs blessés, sans qu'on ne connaisse encore la gravité de leur état.
"J'ai vu une camionnette rouler en zigzag en tentant de faucher un maximum de personnes. Les gens essayaient d'échapper à la course du véhicule. J'ai ensuite essayé d'aider les blessés, des jeunes essentiellement", a raconté un témoin Alessandro, à la BBC.
"C'est une attaque terroriste, j'en suis sûr. J'ai vu une camionnette heurter la rambarde de London Bridge, puis un homme sortir avec un couteau pour se diriger vers un bar", a déclaré Dee, une habitante de Londres de 26 ans à l'AFP.
Plusieurs autres témoins ont fait état d'un ou de plusieurs hommes armés de couteaux, descendant de la camionnette accidentée pour poignarder des gens au hasard.
La police a confirmé peu après qu'elle enquêtait sur des informations selon lesquelles des passants ont été agressés au couteau à Borough Market, célèbre marché situé non loin du pont, sur la rive sud de Londres.
Faisant état d'agressions au couteau, la police a confirmé avoir ouvert le feu à Borough Market, célèbre marché situé juste à côté du pont, sur la rive sud.
"Terreur sur London bridge"
Deux assaillants seraient morts dans la fusillade, selon le journal The Sun on Sunday qui titrait dimanche, "terreur sur London Bridge".
Scotland Yard a également fait état d'un "troisième incident", à Vauxhall, au sud de la capitale, mais l'intervention n'était finalement pas "liée au terrorisme".
Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montraient la police entrer dans des bars et des restaurants pour sommer les clients de se coucher sous les tables.
"Je suis venu voir ce qui se passe et je suis tombé sur un chef cuisinier qui avait du sang sur l'épaule. Il était sous le choc. Il m'a dit que trois personnes avaient attaqué son restaurant avec des couteaux et des machettes", Gerard Kavanar, 46 ans, qui habite dans le quartier.
Scotland Yard a également fait état d'un "troisième incident", à Vauxhall, au sud de la capitale.
Des nombreuses voitures de police filaient à toute allure sirènes hurlantes dans le quartier où se trouve notamment le siège du MI6 (renseignement extérieur).
Au Eagle London, un pub du quartier, un employé a dit n'avoir rien vu de spécial mais que la sécurité de l'établissement était renforcée en raison de l'alerte.
Devant la station de métro de Vauxhall, les policiers interrogeaient les employés d'une supérette.
L'ambiance dans ce quartier très branché la nuit avait un côté surréaliste, avec des gens plongés le nez sur leur portable à la recherche d'informations qui se mélangeaient aux fêtards continuant leur virée.
Sur London Bridge, la camionnette roulait à environ 80 km/heure, selon la journaliste de la BBC, Holly Jones, qui se trouvait sur place au moment de l'incident.
Un bateau de la police, gyrophare allumé, était posté immobile a 100m du pont. Deux hélicoptères survolaient la zone, entièrement bouclée.
Tout le monde ici a encore en mémoire l'attaque terroriste du 22 mars lorsque un homme avait foncé sur la foule sur le pont de Westminster, tuant quatre personnes avant de poignarder à mort un policier devant le Parlement.
"C'est terrible que ça se reproduise aussi vite et que ce genre de choses est devenu aussi fréquent", a commenté Jacob Chick, 23 ans, qui habite près de London Bridge.
LES ATTENTATS EN GRANDE BRETAGNE DEPUIS 2005 :
- Juillet 2005: les transports londoniens visésLe 7 juillet, quatre attentats suicide coordonnés à l'heure de pointe dans trois rames de métro et un autobus londoniens font 56 morts, dont les quatre kamikazes, et 700 blessés. Un groupe se réclamant d'Al-Qaïda revendique les attaques.
Quinze jours plus tard, quatre attentats manqués, au mode opératoire similaire, sont menés de manière coordonnée et quasi-simultanée dans trois rames de métro de Londres et dans un autobus. Les bombes artisanales n'explosent pas en raison d'une erreur de calcul dans la fabrication des explosifs.
Selon la justice, les deux séries d'attentats sont liées.
- Juin 2007: aéroport de Glasgow
Le 30 juin, une voiture-bélier remplie de bouteilles de gaz est précipitée contre le principal terminal de l'aéroport de Glasgow (Ecosse), très fréquenté en ce début de vacances scolaires, sans exploser.
Un Indien qui conduisait le véhicule est grièvement brûlé après s'être aspergé d'essence. Il décède un mois plus tard. Le passager, un médecin irakien, est arrêté. Il sera condamné en 2008 à la prison à vie.
La veille, deux Mercedes piégées, remplies de bidons d'essence, de bouteilles de gaz et de clous avait été découvertes garées près de Piccadilly Circus, au coeur de Londres. Un problème de connexion dans le dispositif de détonation avait empêché les deux voitures d'exploser, selon les enquêteurs.
- Mai 2013: un soldat assassiné Londres
Le 22 mai, deux Londoniens d'origine nigériane renversent en voiture un soldat de 25 ans, Lee Rigby, dans le sud-est de Londres, puis le frappent de nombreux coups de couteau et tentent de le décapiter. Sur une vidéo filmée juste après l'agression, l'un des meurtriers déclare avoir voulu venger "les musulmans tués par des soldats britanniques".
- Décembre 2015: dans le métro de Leytonstone
Le 5 décembre, Muhaydin Mire, 30 ans, né en Somalie, blesse au couteau deux personnes, dont une grièvement, à l'entrée de la station de métro de Leytonstone, dans l'est de Londres, deux jours après les premières frappes aériennes britanniques visant l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie. L'attaque est qualifiée de "terroriste" par les autorités. L'auteur sera condamné à la prison à vie.
- Mars 2017: 5 morts près du parlement de Westminster
Le 22 mars, un homme fonce dans la foule avec son véhicule sur le pont de Westminster, qui enjambe la Tamise face à Big Ben, avant de poignarder mortellement un policier devant le Parlement.
L'attaque fait cinq morts. Son auteur, Khalid Masood, un citoyen britannique converti à l'islam, est abattu par la police.
L'attentat a été revendiqué par l'EI. Scotland Yard déclare ne pas avoir "trouvé de preuve d'une association" de Masood avec l'EI ou avec Al-Qaïda.
- Mai 2017: 22 morts à Manchester
Le 22 mai, un jeune Britannique d'origine libyenne se fait exploser avec une puissante bombe à la sortie d'un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande à la Manchester Arena, une grande salle de concerts de cette ville du nord-ouest de l'Angleterre.
22 personnes sont tuées et 116 blessées, dont de nombreux enfants et adolescents.
L'attentat a été revendiqué par l'EI.
Scotland Yard a annoncé en mars que les services de sécurité britanniques avaient "déjoué treize tentatives d'attentat terroriste depuis juin 2013".