L'Australie épinglée pour racisme et l'incarcération des Aborigènes

Images de vidéosurveillance de l'établissement pénitentiaire pour mineurs d'Alice Springs : des gardiens s'approchent du jeune Dylan Voller pour le déshabiller.
Un haut-fonctionnaire des Nations Unies a fait part de ses inquiétudes lundi 5 décembre, au sujet de l'incarcération de masse des jeunes Aborigènes en Australie ainsi que pour la montée des comportements hostiles aux migrants.

Mutuma Ruteere, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines de racisme et de xénophobie, a été informé "que le discours de haine xénophobe prend de l'ampleur... et mène à une perception négative des migrants, particulièrement les musulmans et les personnes d'origine africaine".

Stéréotypes après hostilité

Il s'exprimait à l'issue d'une semaine de visite en Australie et faisait part de ses conclusions préliminaires : "Je relève avec inquiétude que certains politiciens populistes, applaudis par une partie des médias mainstream, continuent de stéréotyper et distiller l'hostilité envers certaines catégories de migrants", a ajouté M. Ruteere.

Il s'est dit particulièrement interpellé par "l'incarcération de mineurs issus des communautés indigènes et leur traitement par le système judiciaire pénal", lors de son intervention à Canberra. Cela avait déjà fait l'objet d'un reportage d'ABC, qui avait soulevé un scandale national.

C'est l'émission d'investigation d'ABC, Four Corners, qui a révélé le scandale des mauvais traitements infligés aux détenus mineurs dans le Territoire du Nord. Ici: Dylan Voller, maté par ses gardiens.

La population australienne, 24 millions de personnes, est composée à hauteur de 3% seulement d'Aborigènes. Mais ils comptent pour un quart des détenus.

Taux d'incarcération en augmentation

Un rapport indépendant a indiqué le mois passé que le taux d'incarcération des adultes aborigènes avait augmenté de 77% entre 2000 et 2015, avec un pourcentage pour les mineurs 24 fois plus élevé que pour les personnes non-aborigènes.

Une situation que le rapporteur spécial de l'ONU qualifie "de crise croissante". Il enjoint le gouvernement australien à mener une évaluation de son système judiciaire pénal et à se tourner vers des alternatives à la détention, tout en évitant des sanctions obligatoires.

"La politique actuelle à l'égard des communautés indigènes est trop punitive et nécessite un changement urgent alors que ses conséquences ne peuvent que mener à davantage encore de dévastation dans ces communautés", conclut-il sans équivoque. Il a à ce titre aussi demandé au gouvernement de Canberra de reconnaître constitutionnellement le rôle et les droits des Aborigènes.