Rencontre avec les Taki Toa, les guerriers marquisiens de Tahiti

Rencontre avec les Taki Toa, les guerriers marquisiens de Tahiti
La 10e édition du festival des Marquises ouvre le 16 décembre. Au programme : cérémonie, discours, himene, prières mais aussi spectacles de danse. Taki Toa, l'une des délégations venue de Tahiti, est l’un des deux groupes à danser pour la première soirée. Reportage au sein de la troupe.








« Faaitoito les danseurs, les musiciens. Maintenant qu’on est rassemblé, on y va ! ». Arnold, vice-président de Taki Toa, encourage ses troupes. Il est un peu moins de 9h lorsque la délégation venue de Tahiti pour participer au festival des Marquises, répète pour la première fois à Hiva Oa, à la veille de l’ouverture du Matavaa.

Si la troupe n’a pas pu répéter avant c’est qu’elle n’était pas au complet. En effet, certains membres de l’association ne sont arrivés en bateau par le Tahiti Nui, que le vendredi 11 décembre. Le navire appartenant à la flottille administrative a été dépêché par le pays afin d’amener les différentes délégations de Tahiti, Nuku Hiva, Ua Huka, Ua Pou, Fatu Hiva, sur les lieux du  festival : .

 

Après deux jours et trois nuits de mer, une partie du groupe, une vingtaine de danseurs, pour la plupart des jeunes, a débarqué à Atuona, le village central du festival. Ils sont logés au CSP, centre scolaire public, avec la deuxième délégation de Tahiti, Te Toa Vii Fenua, menée par le chef de troupe Nato. 
Cependant, la grande majorité de Taki Toa
 est arrivée lundi. Comme toutes les délégations, ils ont été accueillis par le président du Comothe, Humu Kaimoko au son des pahu et du traditionnel mot de bienvenue "Mave mai». Un moment émouvant. « C’est important que des délégations de Tahiti soient présentes, car ce sont elles qui représentent notre culture sur l’île principale », souligne Humu Kaimoko.

L’homme à la longue chevelure noire, et aux multiples tatouages marquisiens,
 connaît bien Taki Toa pour y avoir dansé quelques fois lors de séjours à Tahiti.

Après une journée de repos et de retrouvailles pour la famille Taki Toa, le temps des répétitions est donc venu. « On avait hâte. On avait tellement envie de répéter », confie Maiana, dit Mina, arrivée en bateau. Finalement, après deux jours d’attente, la belle marquisienne a repris le chemin de la danse comme ses camarades, malgré la chaleur étouffante de ce mardi 15 décembre. « Allez ! On est regardés donc soyons concentrés et bons ! ».

Sous l’un des seuls arbres de la cour du 
CSP, l’unique endroit où il y a un petit peu d’ombre, plusieurs badauds se sont arrêtés pour regarder la répétition des Taki Toa. Ils ont été attirés par le son des pahu résonnant dans la vallée d'Atunoa. « C’est bien », confie peu bavard l’un des danseurs de Ua Pou, logé avec le reste de la délégation à l’école des soeurs. Ce dernier connaît quelques membres de Taki Toa, une grande partie d’entre eux est originaire de cette île.

 

Le chef de troupe et artiste Siméon Huuti fait partie de cette majorité. Le festival est donc l’occasion pour lui de retrouver ses frères. « C’est ça, le Matavaa. On y participe pour échanger notre culture, retrouver nos racines, retrouver nos frères ».
L’un de ses amis, Cyril
, est d’ailleurs venu avec son garçon pour donner un coup de main à la répétition. Le père et son fils ont tous deux été tatoués par Siméon. Le Marquisien de 36 ans a d’ailleurs voulu, pour ce festival qui se déroule sous le thème du « retour aux sources », raconter la légende de la déesse du tatouage Ikioani.

La légende raconte que cette dernière refusa de tatouer son frère, Tahamatakee. Mécontent, il vola les instruments de sa soeur. Furieuse, Ikioani, ne se doutant pas de la culpabilité de son propre frère, jeta un sort sur les instruments. Désormais, celui qui se fera tatouer aura mal. Ainsi, lorsque Tahamatakee tatoua l'un des chefs marquisiens se fit tatouer, il ne put supporter la douleur. Tahamatakee retourna voir sa soeur pour avoir des explications. Ikioani l’accompagna pour soigner le malheureux tatoué, avec du noni.

Ce qu’il faut retenir de cette légende : les maîtres tatoueurs doivent agir comme l’a enseigné la déesse. L’esprit de Ikioani se trouvant toujours dans la maison du tatouage pendant la durée du tatouage, il est de tradition de sacrifier 
un cochon au début de la cérémonie .


Deux troupes de danse vont inaugurer ce festival : Tahuata et Taki Toa. Mais, avant, la troupe, comme le reste des délégations, devra défiler en costume traditionnel, l'une des exigences du thème «Haahua i te tumu». Les danseurs de Taki Toa se sont donc attelés à réaliser des costumes en auti. Des bracelets aux jambes et aux bras pour les garçons, taille et soutien pour les filles. « J’aurais préféré que l’on fasse quelque chose de plus fini mais nous n’avons pas eu le temps », regrette Siméon, le chef de troupe.
Pour le spectacle de jeudi au Tohua Pepeu
, la troupe a prévu des costumes en more noir et rouge, puis en sac de coprah. Le show promet d’être à la hauteur des attentes.

Initialement, il n’était pas prévu que les Taki Toa dansent le lendemain, au Tohua Pepeu. Mécontents, les membres de la troupe obtiennent gain de cause auprès des organisateurs et parviennent à faire modifier le programme : ils danseront bien également au fameux Tohua Pepeu ce jeudi.