Héritière d'un empire qu'elle a su faire fructifier, L'Oréal, Liliane Bettencourt était la 14e fortune du monde, mais la première femme du classement Forbes des personnes les plus riches de la planète, publié en mars. Affaiblie par la maladie et placée sous tutelle, Liliane Bettencourt se tenait en retrait de la scène publique depuis 2012. L'héritière avait quitté cette même année le conseil d'administration de L'Oréal, ainsi que tout rôle dirigeant au sein du groupe.
90 000 employés
L'histoire familiale de la milliardaire naît au début du XXe siècle avec Eugène Schueller, son père. Née le 21 octobre 1922 à Paris, Liliane Bettencourt est élevée dans la rigueur, chez les religieuses dominicaines, un ordre catholique qui fait partie des ordres mendiants. Sa mère, pianiste, meurt alors qu'elle est âgée seulement de cinq ans. À 15 ans, la jeune fille travaillera brièvement dans une de ses usines pour coller des étiquettes sur des shampoings.
À la mort de son père en 1957, Liliane devient vite la première actionnaire de L'Oréal avec un objectif : développer la multinationale. Elle prend des décisions stratégiques avec son mari, André Bettencourt, ministre sous de Gaulle et Pompidou. L'Oréal devient un leader mondial qui emploie aujourd'hui plus de 90 000 salariés sur la planète. En 2012, elle quitte le conseil d'administration du groupe. Affaiblie par la maladie et placée sous tutelle, elle est au centre depuis dix ans d'un long feuilleton politico-judiciaire qui a mis en lumière les déchirements au sein de sa famille.
Une affaire judiciaire tentaculaire
Le principal dossier « l’affaire Bettencourt » a porté sur un soupçon d’abus de faiblesse. Il a débuté avec la plainte, fin 2007, de Françoise Bettencourt Meyers, soupçonnant le photographe François-Marie Banier d’avoir profité de la vulnérabilité de sa mère pour obtenir de l'argent.
L'artiste a été condamné en appel le 24 août 2016, à 4 ans de prison avec sursis et 375 000 euros (un peu plus de 44 millions de Fcfp) d’amende pour « abus de faiblesse ». L’homme politique et ex-ministre Eric Woerth a lui aussi été mis en cause dans un autre volet de l’affaire, portant sur un soupçon de trafic d’influence, avant d’être relaxé.
Dernier épisode en date, jeudi, dans l’affaire dite des écoutes, la justice bordelaise a relaxé en appel cinq journalistes poursuivis pour « tteinte à l’intimité de la vie privée » de Liliane Bettencourt. Elle a aussi estimé que son ex-majordome avait enregistré illégalement la milliardaire pour la protéger et n’était donc « pas pénalement responsable ».