Les Nations Unies adoptent une nouvelle résolution sur la Polynésie non-autonome

Manuel Terai (au centre) représentait le Président Edouard Fritch lors du séminaire du Comité de décolonisation des Nations Unies, aux Caraïbes.
Le 13 décembre 2019, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution confirmant l'inscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non-autonomes.Elle y "réaffirme le droit inaliénable du peuple de la Polynésie française à l'autodétermination.
Les Nations Unies ont adopté une nouvelle résolution, le 13 décembre 2019, concernant la Polynésie française.

Elles avaient déjà adopté une résolution en mai 2013 (L56), plaçant la Polynésie française sur la liste des territoires non-autonomes (comptant 17 territoires), portée par les Îles Salomon, Nauru et Tuvalu et chère au Tavini Huiratiraa. Les Nations Unies viennent donc, 6 ans plus tard, confirmer leur position.

Le texte adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies "réaffirme le droit inaliénable du peuple de la Polynésie française à l'autodéterminationCette résolution ouvre en principe la voie à un référendum d'autodétermination. La population pourrait à terme se prononcer en faveur de l'indépendance, de la départementalisation ou d'un statut intermédiaire d'autodétermination.
Mais en pratique, plusieurs des gouvernements concernés ne respectent pas ces règles --par exemple le Royaume-Uni avec Gibraltar et les Malouines. 
 

"C'est au peuple de la Polynésie française lui-même qu'il appartient de déterminer librement son futur politique."


Les Nations Unies déclarent que "c'est au peuple de la Polynésie française lui-même qu'il appartient de déterminer librement son futur politique."  Elles rappellent toutefois les déclarations faites en octobre 2019, lors du séminaire régional des Caraïbes, alors qu'une délégation polynésienne, menée par le président Edouard Fritch avait demandé le retrait de la Polynésie française de la liste des territoires non-autonomes. "La Polynésie n’est pas une colonie qu’il faut décoloniser " avait-il déclaré. 

Après les représentants du Pays, ceux du Tavini était intervenus. Le parti indépendantiste avait prévu plus d'une vingtaine de pétitionnaires. James Bahagwan, le président de la Conférénce des églises du pacifique a estimé que la Polynésie bénéficiait d'une "autonomie fictive". David Koubbi, l'avocat parisien d'Oscar Temaru, avait ironisé sur "un président autonomiste pour un pays non autonome". Le député Moetai Brotherson, avait déclaré à propos de la requête d'Edouard Fritch, "il avait juré de ne pas demander le retrait de la Polynésie sur la liste des pays à décoloniser, il a menti et il vous a menti comme il l'a fait pendant 30 ans".

Les Nations Unies demandent enfin à "la puissance administrante" (la France ndlr) de "coopérer sans réserve aux travaux du Comité Spécial". Elle l'exhorte également à "garantir la souveraineté permanente du peuple de la Polynésie française sur ses ressources naturelles" (ressources marines et minéraux sous-marins) et prie enfin le Secrétaire général "de lui faire part de tout fait nouveau sur les retombées environnementales, écologiques, sanitaires et autres des essais nucléaires pratiqués pendant 30 ans[...]".
 
L'Assemblée générale adopte chaque année une résolution sur la Polynésie française.

L'historien Jean-Marc Régnault explique qu'il y a là "deux droits inconciliables : celui du droit français républicain qui considère que l'ONU n'a pas à se mêler des affaires internes de la France et qui estime qu'elle a décolonisé la Polynésie avec un statut d'autonomie élargie ; de l'autre, le droit de l'ONU qui ne se satisfait pas de l'autonomie de la Polynésie et qui s'attache à la primauté des intérêts des habitants des territoires. C'est donc un dialogue de sourds."
C'est enfin à la France seule que revient la décision d'organiser ou non un référendum d'auto-détermination.