Manon Lemaire est éducatrice au centre Te Torea à Fare Ute. Son travail consiste à aider la soixantaine de pensionnaires à retrouver une vie « normale », loin de la vie dans la rue.
Le plus gros travail, c'est celui de la reconstruction personnelle, car la rue, c'est une rude épreuve pour l'estime de soi. « Ce sont des personnes qui sont en marge de la société donc retrouver une nouvelle vie, des habitudes ça prend du temps, explique Manon. Il faut les accompagner les valoriser beaucoup, et c'est lorsqu'ils voient petit à petit qu'ils réussissent, qu'ils retrouvent leur estime de soi ».
Un des pensionnaires est à la cherche d'un emploi depuis 2018. De plus en plus désœuvré, il est à la rue depuis deux mois. Sa fille et sa petite fille, elles, sont au foyer « La bonne samaritaine ». « À chaque fois que tu déposes un cv, ça ne sert à rien, même si tu as un permis poids lourd etc. Ils préfèrent les jeunes, ils ne prennent que les jeunes, déplore-t-il ».
Les SDF ayant des troubles psychiatriques, dans une « impasse »
Certains arrivent à remonter la pente, mais il y a des pensionnaires pour qui la réinsertion est plus difficile. Le centre Te Torea prend en charge 15 personnes ayant des troubles mentaux. Ils ont besoin d'un suivi plus important. « S'ils ne prennent pas leurs médicaments il peut y avoir des crises, ajoute Manon. À ce moment-là, cela n'est plus de notre ressort. C'est pour ça que l'on essaie d'être très réguliers, pour éviter de les mettre en danger eux et la collectivité ».
De son côté, le Père Christophe constate une augmentation des SDF atteints d'un trouble du comportement. Sur les 370 personnes sans domicile fixe qui fréquentent les lieux, hormis ceux qui ne sont venus qu'une fois, 52 relèvent du COTOREP, ce qui signifie qu'ils ont été reconnus institutionnellement instables. « Le nombre de personnes à la rue n'augmente pas, mais celui des personnes ayant des troubles psychiatriques à la rue, lui, augmente précise Père Christophe. Certains ont des pathologies lourdes ».
La vie dans la rue serait en partie à l'origine de l'apparition de troubles mentaux chez les SDF, car elle est souvent liée à la consommation de drogues dures. Le Père Christophe cherche à faire accéder plus de personnes au statut COTOREP, mais même s'il permet une aide financière, selon lui, il ne suffit pas à endiguer le problème. Il n'y a toujours pas de structure d'accueil et de traitement permanent pour ces personnes.