Ce dimanche 20 juin, les citoyens de Uturoa sont appelés à voter pour le premier tour des élections municipales de Uturoa. Fête des pères ou pas, jeunes ou moins jeunes, ce matin, ils sont nombreux à s’être déplacés.
Il est 9h et les trois bureaux de vote d’Uturoa sont pleins. Ce sont 3594 votants, soit 173 de plus qu’en 2020, qui sont attendus aujourd’hui pour ce nouveau premier tour des élections municipales. À 12h, le taux de participation est de 39%, soit 1401 électeurs à avoir voté. L'année dernière, au premier tour, le taux de participation était de 43,47%.
Pour rappel, le 28 juin 2020, Matahi Brotherson a été élu tavana en battant de dix voix Sylviane Terooatea, maire sortante. En septembre dernier, cette dernière a déposé un recours devant le tribunal administratif portant sur des procurations jugées douteuses. Le tribunal lui a donné raison et a invalidé ces élections, le 6 octobre. Matahi Brotherson a fait appel au conseil d’Etat qui, en avril, a finalement rejeté l’appel.
Ouverts de 8h à 19h, les bureaux de vote accueillent les citoyens de la commune sous la surveillance bienveillante d’une quinzaine de guides sanitaires, covid oblige. Sprays hydroalcooliques et masques obligatoires…Tous respectent ces mesures prises pour protéger la population de l’île. « Les gens jouent le jeu. On veille à ce que tout le monde soit bien dedans ou dehors. A l’intérieur des bureaux, quatre personnes maximum peuvent entrer », explique Iputoa. Ce jeune guide de 23 ans se sert de cet événement pour vaincre sa grande timidité. « Ça m'aide beaucoup », confie t-il avec un sourire en coin quelque peu caché par son masque. Une autre équipe viendra prendre le relais dès 12h30 car les guides sanitaires n’ont pas une seconde à eux en ce dimanche matin.
Depuis 8h, le vote est continue. « Il y a une vraie prise de conscience », estime Alain Astrid, président du bureau de vote n°2, qui revient en détail sur le déroulé de cette journée d’élection.
Parmi les nombreux votants de la matinée, Corinne, 53 ans. Originaire de Uturoa, elle tient un commerce. Si elle vient voter aujourd’hui, c’est parce qu’elle sait les enjeux que cela peut avoir dans son travail. « Il faut changer des choses, comme l’électricité. C’est la priorité n°1 car on a beaucoup de coupures, j’en ai marre de ces problèmes ! », souligne la commerçante qui vote depuis qu’elle est en âge de le faire. Peu importe si il faut aujourd’hui retourner aux urnes, « s’il faut le faire, faisons-le mais pourvu que cela change ». Dans la file, juste derrière, Vaitea, 37 ans. Cet employé de magasin veut, lui aussi, accomplir son devoir de citoyen. « Je viens voter pour mes deux filles, pour leur avenir ».
Ce père de famille n’est pas le seul à se préoccuper du futur de ses enfants. Ericka, maman de jeunes adultes, est inquiète pour la jeunesse. « Il faut qu’on pense à nos jeunes ! Aujourd’hui nombreux errent car il n’y a pas de travail. La priorité est de s’occuper des jeunes de notre ville. Beaucoup s’en vont pour faire leur études mais quand ils reviennent ils sont surdiplômés et n’ont pas de boulot ». C’est le cas de sa fille, Martha. Elle aussi est venue voter ce dimanche matin. Dotée d’un diplôme dans le social et sanitaire, la jeune femme enchaîne les petits boulots à défaut de trouver quelque chose dans sa branche. « Je voudrais qu’on mette en place des formations pour qu’on puisse acquérir plus d’expérience de terrain et avoir derrière du travail ».
La journée va donc se poursuivre jusqu'à 19h pour les électeurs. Des électeurs qui pour la plupart vont rentrer chez eux après avoir accompli leur devoir de citoyen pour célébrer la fête des pères autour d'un bon ma'a familial.