Rencontre avec Eric Barbier, président du Jury du FIFO

Habitué aux fictions, réalisateur de "la Promesse de l’aube", une adaptation du roman éponyme de Romain Gary, Éric Barbier réalise son premier séjour dans le Pacifique. Portrait.
« Je suis un peu un anachronisme, un candide dans ce jury ». C’est par ces mots que le président du jury de ce 17e FIFO s’est introduit lors de la conférence de presse qui s’est tenue, lundi 2 février, sous le paepae a Hiro de la Maison de la Culture. Éric Barbier ne connaît pas l’Océanie. Et il l’assume. Vivant à Paris, et originaire de Brignoles, un petit village du Sud de la France, ce premier voyage au cœur du Pacifique est pour lui une véritable découverte. Une découverte qui a commencé dimanche avec une visite de l’île sœur de Tahiti, Moorea. « Quand on va à Moorea, on est dans l’imaginaire qu’on a reçu avec les films et les livres sur ces îles paradisiaques du Pacifique. C’est drôle car lorsqu’on voit les problématiques abordées lors du FIFO, on se rend compte que les choses sont beaucoup plus complexes qu’en apparence ». Éric Barbier pense en particulier à ces jeunes, qui comme lui originaire d’un petit village, se voient confrontés à la situation de partir loin de chez eux pour apprendre. Sauf qu’ici en Océanie, une région de milliers d’îles entourées d’eau, la démarche est beaucoup plus complexe. « Le FIFO souligne ce contraste et ces problématiques. En tout cas, c’est ce que j’ai retenu de ce que j’ai vu et lu du festival avant de venir ici. » 
 

Écouter et fédérer


Si Éric Barbier, entouré par des membres du jury réalisateurs et spécialistes de la région, est un candide, il l’est au bon sens du terme comme il tient à le souligner.  « Être candide, c’est ne pas être dans l’a priori. C’est certainement le seul intérêt que j’ai en tant que président du jury. Je connais mal la culture de l’Océanie. Elle est réduite à la littérature, donc des choses qui ont été rapportées de ce monde-là. Alors que là, les problématiques sont abordées par les gens qui sont à l’intérieur de ces problématiques. Ce qui fait toute la différence. ». Pour la première fois donc, Éric Barbier abordera ainsi la région avec le regard de ceux qui l’habitent. Son rôle en tant que président du jury sera d’ailleurs d’écouter les points de vue de ceux qui composent le jury. Des membres qui ont des connaissances et un lien fort avec leur pays. « Ils ont des cultures et en sont imprégnées. Moi qui viens de très loin, je vais les écouter, je vais essayer de fédérer les avis des uns et des autres. Mon travail va être de regarder l’aspect narratif, comment on raconte l’histoire car je ne connais rien à l’Océanie ». 
 

Raconter une histoire


Pour ce spécialiste du cinéma et de la fiction, qui a présenté son dernier film Un petit pays en avant-première à Tahiti, le plus important reste la narration : « un bon narrateur est celui qui vous intéresse et vous fait entrer dans des choses profondes, intimes et complexes », précise le réalisateur estimant que la différence entre le documentaire et la fiction est finalement très ténue. Une frontière mince se rejoint sur un point : « la force d’un film est comment il est filmé, comment il est raconté. Quand on a une caméra, on fait des choix comme la mise en scène ou la lumière. Finalement, la différence centrale est que dans le documentaire, la caméra est présente, dans la fiction le jeu est de masquer la troisième personne qui est la caméra ». Pour ce FIFO, Eric Barbier pourra mettre tout son talent et son expérience au service du festival avec cette candeur qui lui permettra certainement d’aiguiser son regard sur cette région du Pacifique, si méconnue et pourtant si riche. Une merveilleuse façon donc de découvrir l’Océanie. Et pourquoi pas une inspiration pour une prochaine fiction. « Je l’espère vraiment ».
 
Rencontre avec Eric Barbier, président du jury du FIFO