[SOIRÉE SPÉCIALE] Ces jeunes tentés par le djihad...

[SOIRÉE SPÉCIALE] Ces jeunes tentés par le djihad...
Qui sont ces jeunes qui se laissent séduire par les sirènes djihadistes ? Comment lutter contre ce phénomène ? Fiction, débat, documentaire : mercredi 23 mars 2016, Polynésie 1ère vous donne rendez-vous pour une soirée continue dédiée à ce thème.


Au programme de votre soirée :
> le téléfilm poignant 
« Ne m’abandonne pas » avec Marc Lavoine et Sami Bouajila,
> un débat intitulé « Qui sont ces jeunes qui partent faire le djihad ? »
> le documentaire choc "Les français c'est les autres".


Découvrez le sommaire de cette soirée spéciale, en images :

Diffusion le mercredi 23 mars 2016 à partir de 19h25 sur Polynésie 1ère


19h25 - « Ne m’abandonne pas »

« Ne m’abandonne pas » raconte le combat d’une mère pour empêcher sa fille, fraîchement endoctrinée par la propagande djihadiste, de rejoindre la Syrie. Le film est servi par un casting de choix. On retrouve notamment Samia Sassi et Lina Elarabi dans un duo mère-fille époustouflant, et Marc Lavoine et Sami Bouajila en pères désarmés face à un enfant devenu étranger.

Retrouvez l'entretien avec les auteurs de ce téléfilm, à la fin de cet article.

 

21h00 - Débat : « Qui sont ces jeunes qui partent faire le djihad ? »

Qu’y a-t-il de commun entre une jeune fille suspectée d’avoir voulu commettre un attentat sur le sol français, un jeune couple parti avec son enfant faire « de l’humanitaire » en Syrie et un jeune homme prêt à tout quitter pour mourir en martyr ? Peu de choses, et pourtant… Ils ont tous été embrigadés pour devenir des combattants de Daesh. Ils seraient plus de 1 700 Français, selon le ministère de l’Intérieur, impliqués dans les filières djihadistes. Parmi eux, la majorité a moins de 25 ans. Qui sont ces jeunes qui partent faire le djihad ? Pour quelle raison décident-ils de s’engager volontairement ? Pourquoi reviennent-ils en France ? Quelles sont les techniques d’endoctrinement utilisées par Daesh pour les séduire ? Enfin, quelles sont les solutions mises en place par le gouvernement pour prévenir cette radicalisation ? Pour répondre à ces questions, Julian Bugier donnera la parole sur le plateau à la Lina Elarabi, comédienne, Ben, père d’un garçon de 15 ans parti en Syrie (où il
est resté vingt jours) et qui a été récupéré par son père à la frontière turque, Dounia Bouzar, anthropologue. Les experts suivants donneront également leur avis : Laurence Rossignol, secrétaire d’État chargée de la Famille, de l’Enfance, des Personnes Âgées et de l’Autonomie, de Béatrice Brugère, ancien juge antiterroriste, secrétaire générale du syndicat FO Magistrats, et de Hugo Micheron, spécialiste du djihadisme, doctorant à l’IEP de Paris.

22h05 - « Les français c'est les autres »

A la question « Qui est français ? », la quasi-totalité des élèves d'une classe de terminale lève la main. Mais pour répondre à cette autre question, « Qui se sent français ? », aucun bras ou presque ne se détache. « Les Français, c'est les autres » donne la parole à de jeunes lycéens dont la quasi-totalité est issue de l'immigration, principalement d'origine maghrébine et africaine. Ils semblent rejeter résolument leur appartenance à la France et revendiquer un nouveau communautarisme. Dans le même temps, ces jeunes s'agrippent à la culture et aux traditions de leur pays d'origine, celui de leurs parents. Cette crispation identitaire, à laquelle s'ajoute un sentiment de n'être nulle part à sa place, génère l'apparition de préjugés envers eux-mêmes et envers les autres.


Entretien avec les scénaristes François Charplat et Aude Marcle :

Comment est née l’idée d’écrire une fiction sur l’endoctrinement religieux ?
Aude Marcle : En janvier 2014, Françoise Charpiat et moi avons entendu parler de cette jeune fille, à Avignon, qui, à 15 ans seulement, était partie faire le djihad en Syrie, et ce totalement à l’insu de sa famille et de ses proches. Ce qui nous a frappées, voire même tristement fascinées, c’est comment une fille, une soeur, une amie puisse devenir, très rapidement, une étrangère sous nos yeux, sans que personne ne s’en rende compte.

La réalité a vite rattrapé la fiction…
Françoise Charpiat : Le synopsis était clair dès le départ. L’idée était de partir de ce fait divers sur une famille qui avait vu sa fille quitter la France pour la Syrie. L’écriture était déjà bien avancée quand les attentats de Charlie Hebdo se sont produits. On a dû reprendre nos esprits et le texte aussi. On ne savait plus très bien comment prendre le sujet…

La relation mère-fille est au coeur du film. Pourquoi avoir choisi cet angle ?
F. C : À la lecture de l’article consacré à la famille dans le journal La Provence, Aude et moi nous sommes tout de suite mises dans la peau de la mère. En ce qui me concerne, ma première réaction aurait été d’emmener ma fille, de l’isoler. C’était assez épidermique. Par ailleurs, nos lectures et les témoignages de sociologues, psychologues, experts — tels que le juge Trévidic — valident cette réaction. Il faut tenter de ne pas perdre le lien. Pour garder sa fille auprès d’elle, Inès (la mère, interprétée par Samia Sassi, NDLR) en arrive à des moyens extrêmes : elle l’endort, la kidnappe, l’isole dans une maison de campagne… Malgré tout, c’est un amour infini, avec un côté sauvage, presque animal. D’abord, elle lui sauve la vie, et après, elle verra. Le principal est que sa fille ne parte pas, qu’elle ne meure pas.

Le film questionne le sujet du désendoctrinement, un processus peut-être encore plus délicat que l’endoctrinement lui-même…
F. C : L’endoctrinement crée des êtres déshumanisés. On leur dit que la famille est l’ennemi, qu’ils sont les élus, qu’ils ne pourront jamais être compris.
Le désendoctrinement est un processus extrêmement individuel. Dans le film, on en donne un exemple avec Manon, une jeune fille revenue de Syrie qui ne voulait pas ouvrir les volets de peur de voir le diable venir la chercher. C’est un endoctrinement total, de l’âme, du corps, du coeur. Au Danemark, les spécialistes s’inspirent de programmes de désendoctrinement de nazis pour contrer le problème. En France, on fait des choses, mais on n’en est presque encore qu’au stade expérimental. C’est normal. Le phénomène est très neuf.