Sur l'île de Nauru, des élections libres après deux ans de troubles

Après deux ans de troubles, des élections législatives se sont tenues dans de bonnes conditions ce weekend, dans la petite République de Nauru. L'atoll, autrefois connu pour sa production de phosphate, est situé à 5000 kilomètres au nord de Tahiti.


Le « vote se déroule dans de bonnes conditions » se félicitait le gouvernement sortant sur Twitter, samedi. Les observateurs du Commonwealth le disent aussi. Parmi eux, l'ancien président des Kiribati, Anote Tong : « On n'a aucun doute sur le fait que tout s'est déroulé de manière très propre dans les bureaux de vote. L'atmosphère était très détendue ; à vrai dire, on a eu l'impression que les candidats n'étaient pas très impliqués. D'habitude, lors des élections, il y a toujours des agents des candidats dans les bureaux de vote. Là, on n'en a vu aucun. »

Des élections "transparentes et équitables"

Pour Anote Tong, ces législatives ont donc été « libres, transparentes et équitables ». L'observateur souligne toutefois que l'accès des candidats aux médias locaux pourrait être meilleur, mais d'après lui, cela vaut pour tous les candidats et pas seulement pour ceux de l'opposition. C'est l'une des recommandations qu'il fera dans le rapport qu'il doit rendre avant son départ de Nauru, ce mercredi 13 juillet.

Pour l’un des grands perdants de ces législatives,  Sprent Dabwido, ancien président et ancien député de l'opposition, ces élections n'ont pas été aussi équitables que le dit Anote Tong : « De notre point de vue, des pratiques déloyales ont permis au gouvernement de faire en sorte que le système produise le résultat qu'il recherchait, et c'est exactement ce qui s'est passé. » Un autre ancien président, Marcus Stephen, a été battu, alors que les poids lourds de la majorité, et notamment le ministre de la Justice et des Finances, David Adeang, ont été réélus.

Des relations tendues avec la Nouvelle Zélande

En marge de ces élections, un ex-député de l'opposition a remporté une bataille d'un autre ordre : quitter Nauru. Roland Kun est l'un des cinq anciens élus de l'opposition qui avaient été suspendus du Parlement. Son passeport lui avait été confisqué, il ne pouvait donc plus rendre visite à sa femme et à ses trois enfants qui vivent en Nouvelle-Zélande - sa femme, une Australienne, n'a pas le droit d'aller à Nauru. En décembre dernier, Roland Kun a demandé la citoyenneté néo-zélandaise. Après de longs mois d'attente, il a reçu une réponse positive il y a dix jours, raconte son avocate, Claudia Geiringer : « À partir ce moment-là, tout est allé très vite. On a réussi à lui envoyer un passeport à Nauru et Roland Kun a choisi le lendemain des élections pour se rendre à l'aéroport, il a attendu la fin de l'embarquement pour présenter son passeport et monter à bord de l'avion, et il est parti ! » Les autorités n'ont su que plus tard que Roland Kun avait réussi à quitter l'île.

Cela risque-t-il de porter atteinte aux relations entre Nauru et la Nouvelle-Zélande ? « Ces relations étaient déjà un peu difficiles », fait remarquer Claudia Geiringer. Wellington a, en effet, gelé son aide financière au secteur judicaire de Nauru en septembre dernier.