Affaire Haddad Flosse : le parquet général contre les avocats de la défense

L’affaire Haddad Flosse de nouveau devant la cour d’appel. Ce mercredi, les magistrats examinent cette affaire de corruption et de trafic d’influence concernant le marché publicitaire des annuaires de l’OPT. Huit prévenus ont fait appel, parmi eux, Gaston Flosse.
Un suivi en temps réel du procès avec notre envoyée spéciale sur place Brigitte Olivier

Ballet d'avocats à la cour d'appel.
Une douzaine d’avocats plaident ce mercredi matin, dont des pointures du barreau de Paris comme Maitre Francis Szpiner qui défend Hubert Haddad, ce dernier étant retenu en France par son état de santé.
 
En revanche Gaston Flosse est présent. Dans ce procès,  il risque une nouvelle peine d'inéligibilité qui pourrait lui barrer la route des suffrages cinq nouvelles années supplémentaires.

Rappelons qu’en première instance, le Vieux Lion avait écopé d’une peine d’emprisonnement de cinq ans, d’une amende de dix millions de francs et surtout d’une peine d’inéligibilité de cinq ans. Cette même cour d’appel avait, en juin dernier, annulé l’ordonnance de renvoi car elle était entachée d’erreurs et mal motivée.
Aujourd'hui, deux interprétations de cette décision s’opposent, celle du parquet général et celle des avocats de la défense. Soit la cour d’appel décide de se donner du temps pour examiner la requête de maître François Quinquis, soit la cour d’appel reste sur sa position de juin dernier.

Les avocats ont contesté mercredi  matin la tenue même de ce procès rejoué à la demande du parquet général puisque la cour d'appel il y a moins d'un an avait annulé les peines prononcées en première instance. L'avocat général a convoqué de nouveau tous les prévenus, invoquant la nécessité de rejuger l'affaire sur le fond.
 
Nous assistons à des envolées quasiment lyriques des avocats se moquant d'un avocat général qui aurait mal digéré la nullité des peines. Ils en font une affaire politique. C'est Flosse qu'on veut abattre déclare Szpiner : « Ce n'est pas parce qu' il y a monsieur Flosse dans une affaire que tout est permis. Cette requête est sans fondement. Je ferai tout ce qui est possible pour que l'on sache ce qui se passe ici ». La douzaine d'avocat utilise la même stratégie : "cette cour d'appel n'est pas valablement saisie".

L'avocat général Bernard Cymié semble seul au monde. Il assume le fait que la procédure puisse être critiquée et souligne qu'il a "l'impression d'assister à son propre procès". Il réfute les mots trop forts des avocats (monstruosité judiciaire par exemple) et dit qu'il restera dans son rôle à réfléchir à des questions de droit. Selon lui, les prévenus doivent être jugés à nouveau sur le fond. Il comprend que la procédure puisse être mal perçue par la défense et propose donc que le dossier "toiletté" reparte devant le juge d'instruction et soit jugé sur le fond d'ici six mois.

Du côté de la défense, François Quinquis argumente que ce renvoi est radicalement irrecevable et que la défense ne veut aucun report.
Vincent Dubois qui défend Noah Tetuanui s'adresse de son côté au président Pannetier pour qu'il "exécute l'arrêt rendu, c'est tout." Il ajoute qu' "on dépasse l'entendement dans ce dossier" et que "le parquet général doit juste appliquer les décisions de justice"

A 10h30, le président demande la présence des prévenus à la barre. Mais ils n'ont rien à déclarer.

Fin du premier acte, la décision sera rendue jeudi matin.