Charlie Hebdo : 12 morts dans un attentat à la Kalachnikov à Paris

Fusillade au Charlie Hebdo - 07 01 2014
Paris frappée par le terrorisme : deux hommes lourdement armés ont attaqué mercredi le journal satirique Charlie Hebdo, aux cris de "Allah akbar", tuant douze personnes dont les dessinateurs Cabu et Wolinski, dans le plus grave attentat en France depuis plus d'un demi-siècle.
             
"La France est aujourd'hui devant un choc", le choc "d'un attentat terroriste", a déclaré François Hollande, qui s'est adressé au pays à 20H00 depuis l'Elysée et s'est rendu auprès des rescapés pris en charge à l'Hôtel-Dieu.
Charb, Wolinski, Cabu et Tignous, figures historiques de "Charlie", connus pour leurs dessins irrévérencieux, provocateurs, figurent parmi les morts, selon une source judiciaire. L'économiste et chroniqueur Bernard Maris aussi, a confirmé Radio France.
             
Les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski et Tignous (de gauche à droite).

"Ils sont tous morts", a dit à l'AFP Patrick Pelloux, urgentiste et chroniqueur de l'hebdomadaire, d'une voix blanche. "Je suis vivant mais Charb, Cabu, ils sont tous morts...", a-t-il répété, hébété par le drame.
             
Selon un survivant, les agresseurs, cagoulés et vêtus de noir, ont fait irruption lors d'une conférence de rédaction et crié: "Nous avons vengé le prophète!" et "Allah akbar", selon une source policière et le procureur de Paris.
             
L'hebdomadaire était visé par des menaces constantes et faisait l'objet d'une protection policière depuis la publication de caricatures de Mahomet fin 2011, a rappelé son avocat, Richard Malka.
             
Charb, directeur de la publication, figurait sur une liste de "Recherchés, morts ou vifs, pour crimes contre l'islam" publiée au printemps 2013 par la revue jihadiste Inspire.
Une partie de la rédaction de Charlie-Hebdo en 2006, avec notamment, à partir de la gauche, Cabu, Charb, Riss et Tignous.
             
Deux policiers ont été tués, a précisé le parquet. L'un d'entre eux assurait la protection de Charb, selon une source proche de l'enquête. L'autre, blessé et gisant à terre, a été tué à bout portant par l'un des assaillants lors de sa fuite, selon une vidéo amateur authentifiée par les enquêteurs.
             
"Attentat abominable"
             
L'attaque a fait aussi onze blessés dont quatre graves, a précisé en fin de journée le procureur de Paris lors d'un point-presse.
François Molins a également évoqué "au moins deux assaillants" dans l'attaque, affirmant qu'un témoin avait constaté la présence, lors de leur fuite, d'un troisième complice dans leur voiture.

Le plan Vigipirate a été relevé à "alerte attentats", le niveau le plus élevé, en Ile-de-France et les sorties scolaires à Paris ont été suspendues. Selon l'Intérieur, près de 500 CRS et gendarmes mobiles ont été déployés en renfort dans la capitale.
             
Des drapeaux sont en berne, notamment à l'Elysée ou à l'Assemblée. Et au moins 5 000 personnes se sont rassemblées place de la République. "Les religions c'est de la merde. Charlie, c'est le droit de penser ça", souligne Béatrice Cano, la cinquantaine, le dernier numéro de "Charlie" à la main.

Emotion derrière le hashtag #jesuischarlie

Les réactions indignées se sont multipliées dans le monde. Le secrétaire d'Etat John Kerry a assuré, en français, "les Parisiens et tous les Français" du soutien des Américains. Ban Ki-moon s'est dit consterné, tandis qu'Angela Merkel condamnait un "attentat abominable".

"Vers 11H30, deux hommes, armés de kalachnikov, ont fait irruption" au siège du journal satirique dans l'est parisien et "un échange de feu a eu lieu avec les forces de l'ordre", a décrit une source proche de l'enquête. Ils ont ensuite pris la fuite en voiture, braqué un automobiliste et percuté un piéton.
Le mode opératoire des tueurs, leur calme, leur détermination et leur efficacité, sont la marque d'hommes entraînés militairement, ont souligné des sources policières.
             
'Un journal décapité"
             
Un témoin travaillant en face des locaux de "Charlie" a décrit sur i-TELE "des corps à terre, des mares de sang, des blessés très graves".
             
Des témoins ont raconté à l'AFP avoir entendu, "à 11H30 pile, une trentaine de coups de feu pendant une dizaine de minutes", "c'était fort, répété, très impressionnant".
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Sur la Une de Charlie Hebdo paru ce mercredi, "les prédictions du mage Houellebecq : en 2015 je perds mes dents... En 2022 je fais Ramadan!". Le livre de l'écrivain controversé, "Soumission", prédit l'arrivée au pouvoir d'un parti musulman en 2022.
             
"C'est un journal qui a été décapité, comme en Syrie, en Irak...", a réagi le dessinateur Willem, auprès de l'AFP.
             
En novembre 2011, le siège du journal avait été détruit dans un incendie criminel, alors qu'il publiait une caricature de Mahomet en Une. Son site web avait été piraté, affichant une photo de La Mecque et le slogan: "No God but Allah" ("Pas d'autre Dieu qu'Allah").
             
La brigade criminelle de la PJ parisienne, la Sous-direction antiterroriste (SDAT) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont été chargées de l'enquête.
             
La France est militairement engagée sur plusieurs terrains contre des groupes militaires jihadistes. L'armée française est intervenue en janvier 2013 dans le nord du Mali, passé sous le contrôle de groupes jihadistes, avec l'opération Serval, à laquelle a succédé en août 2014 la force Barkhane, opérant sur l'ensemble de la zone sahélo-saharienne. Des avions français participent par ailleurs aux bombardements en Irak contre le groupe Etat islamique (EI).
             
Les services de sécurité français redoutent que des jihadistes partis en Syrie et en Irak, au nombre d'un millier déjà, commettent des attentats à leur retour en France.
             
AFP