Dans son rapport rendu fin août, la Chambre Territoriale des Comptes épingle la gestion du Pays en matière de santé publique. Des dépenses de santé qui explosent et continuent d’augmenter...
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Le contexte : d'une part, une véritable crise de la répartition médicale avec des déserts médicaux dans les îles, notamment. D'autre part, un terrain médical spécifique avec une forte prévalence de maladies liées au surpoids.
En Polynésie française, 7 adultes sur 10 sont en surpoids. 1/4 de la population adulte souffre d’hypertension artérielle, non traitée dans la majorité des cas. 1 adulte sur 5 est touché par le diabète.
Dans son Schéma d’Organisation Sanitaire 2016-2021 (le SOS), le Pays a bien prévu de lutter contre le surpoids. Mais dans son rapport, la Chambre Territoriale des Comptes, juge le bilan "décevant".
Et pour cause, 7 adultes sur 10 et 3,5 enfants âgés de 7 à 9 ans sont en surpoids. Avec comme conséquence, une espérance de vie beaucoup plus courte et des longues maladies. Face à cela, la CTC pointe des actions publiques "à peine initiées" et une stratégie de communication insuffisante. Pourtant, en plus de la taxe sur les produits sucrés, le Pays assure avoir lancé 7 actions de prévention en matière de surpoids l’année dernière… sans toutefois préciser lesquelles.
Avec 275 praticiens hospitaliers, l’offre de soins est concentrée autour de l’hôpital du Taaone. Par manque de structures périphériques, l’hôpital du Taaone se trouve engorgé (taux d’occupation de 84%, alors qu’il n’est que de 50% dans les hôpitaux périphériques). L’engorgement de certains services en situation critique empêche le CHPF d’accueillir les patients en situation d'hospitalisation aiguë.
La Direction de la santé est aussi un acteur majeur avec 135 médecins et sages-femmes et 172 infirmiers. Dans la sphère privée, interviennent également trois cliniques (Cardella, Paofai et le centre médical de Mamao).
Mais, la densité médicale dans les archipels est très basse, 79 médecins (libéraux et publics) pour 100 000 habitants. En France métropolitaine, la densité médicale est de 445 médecins pour 100 000 habitants, soit 5 fois plus.
"En l'absence de toute organisation permettant de proposer un parcours de santé aux patients, l'absence d’alternative en amont et en aval des phases aiguës d’hospitalisation risque de paralyser la filière de santé. Le CHPF se retrouve ainsi, de fait, dans l'obligation de répondre à l'ensemble des besoins de santé, son taux d'occupation ne lui permettant plus de prendre en charge le cœur de sa mission qui est le traitement de la phase aiguë des hospitalisations, justifiant un coûteux plateau technique."
En 2015, les dépenses de santé s’élevaient à 79.4 milliards cfp (dont 52,6 milliards cfp pour la CPS, en 2017). Ces dépenses sont en augmentation de 3% par an.
Par ailleurs, les dépenses de fonctionnement de la direction de la santé (9 milliards cfp en 2017), apparaissent en augmentation et présentent une part importante de dépenses de personnel.
Au 31 décembre 2010, le déficit historique des dépenses de santé a été arrêté à 14,8 milliards cfp. Depuis lors, il fait l’objet de remboursements annuels de 800 millions, amenant cette dette historique à 8,469 milliards cfp à la date du 31 décembre 2018.
Néanmoins, un nouveau déficit est apparu en 2011 et continue de se creuser depuis lors. Ce dernier atteint 6,341 milliards cfp au 31 décembre 2018. Ainsi, en dépit du remboursement de la dette historique, le déficit global du RGS est resté au même niveau entre 2010 et 2018, faute de réforme structurelle.
Cet important déficit sera aggravé par les projets à financer (construction de l'hôpital de Taravao pour 7 milliards cfp, pôle de santé mentale pour 4 milliards cfp, mise en œuvre du schéma de prévention pour 8 milliards cfp, plan cancer pour 3,2 milliards cfp et développement d’outils et d’infrastructures informatiques pour 1 milliard cfp).
La CTC préconise d’encadrer les dépenses de santé d’une part, et un autre mode de financement, ne reposant plus exclusivement sur les cotisations, mais aussi sur la redistribution des recettes fiscales du Pays.
Le constat de la prise en charge de la santé mentale est inquiétant : "des pathologies psychiatriques occultées par le système de santé". Le service de psychiatrie de l’hôpital est engorgé (taux d’occupation supérieur à 100%) et ne peut pas répondre aux besoins. "Il est ainsi fréquent que des chambres, théoriquement prévues pour un patient, en accueillent deux et que celles pour deux patients en accueillent trois dans des conditions d’hébergement inadmissibles."
La première pierre du futur pôle de santé mentale a été posée en novembre 2016 (4 milliards cfp). Il n’est toujours pas sorti de terre, en raison de contentieux avec l’entreprise attributaire du marché. Mais selon la CTC, "son ouverture permettra à peine de réguler la surpopulation intra-muros de l’hôpital".
La Chambre préconise donc d’ouvrir des filières d’aval, afin de consolider l’état des patients au sortir de phases aiguës d’hospitalisation (créations de structures légères, agrément de familles d’accueil thérapeutique, création d’unité d’hospitalisation de jour dans les centres pénitentiaires).
Sollicités, les services de la santé publique n’ont pas souhaité réagir à ce rapport. Le ministère de la santé nous a fait savoir qu’il ne répondra à la presse qu’après le passage de ce rapport à l'Assemblée.
En Polynésie française, 7 adultes sur 10 sont en surpoids. 1/4 de la population adulte souffre d’hypertension artérielle, non traitée dans la majorité des cas. 1 adulte sur 5 est touché par le diabète.
Dans son Schéma d’Organisation Sanitaire 2016-2021 (le SOS), le Pays a bien prévu de lutter contre le surpoids. Mais dans son rapport, la Chambre Territoriale des Comptes, juge le bilan "décevant".
Trop de maladies liées au surpoids
Et pour cause, 7 adultes sur 10 et 3,5 enfants âgés de 7 à 9 ans sont en surpoids. Avec comme conséquence, une espérance de vie beaucoup plus courte et des longues maladies. Face à cela, la CTC pointe des actions publiques "à peine initiées" et une stratégie de communication insuffisante. Pourtant, en plus de la taxe sur les produits sucrés, le Pays assure avoir lancé 7 actions de prévention en matière de surpoids l’année dernière… sans toutefois préciser lesquelles.
Crise de la répartition médicale
Avec 275 praticiens hospitaliers, l’offre de soins est concentrée autour de l’hôpital du Taaone. Par manque de structures périphériques, l’hôpital du Taaone se trouve engorgé (taux d’occupation de 84%, alors qu’il n’est que de 50% dans les hôpitaux périphériques). L’engorgement de certains services en situation critique empêche le CHPF d’accueillir les patients en situation d'hospitalisation aiguë.
La Direction de la santé est aussi un acteur majeur avec 135 médecins et sages-femmes et 172 infirmiers. Dans la sphère privée, interviennent également trois cliniques (Cardella, Paofai et le centre médical de Mamao).
Mais, la densité médicale dans les archipels est très basse, 79 médecins (libéraux et publics) pour 100 000 habitants. En France métropolitaine, la densité médicale est de 445 médecins pour 100 000 habitants, soit 5 fois plus.
"En l'absence de toute organisation permettant de proposer un parcours de santé aux patients, l'absence d’alternative en amont et en aval des phases aiguës d’hospitalisation risque de paralyser la filière de santé. Le CHPF se retrouve ainsi, de fait, dans l'obligation de répondre à l'ensemble des besoins de santé, son taux d'occupation ne lui permettant plus de prendre en charge le cœur de sa mission qui est le traitement de la phase aiguë des hospitalisations, justifiant un coûteux plateau technique."
Dépenses de santé
En 2015, les dépenses de santé s’élevaient à 79.4 milliards cfp (dont 52,6 milliards cfp pour la CPS, en 2017). Ces dépenses sont en augmentation de 3% par an.
Par ailleurs, les dépenses de fonctionnement de la direction de la santé (9 milliards cfp en 2017), apparaissent en augmentation et présentent une part importante de dépenses de personnel.
Au 31 décembre 2010, le déficit historique des dépenses de santé a été arrêté à 14,8 milliards cfp. Depuis lors, il fait l’objet de remboursements annuels de 800 millions, amenant cette dette historique à 8,469 milliards cfp à la date du 31 décembre 2018.
Néanmoins, un nouveau déficit est apparu en 2011 et continue de se creuser depuis lors. Ce dernier atteint 6,341 milliards cfp au 31 décembre 2018. Ainsi, en dépit du remboursement de la dette historique, le déficit global du RGS est resté au même niveau entre 2010 et 2018, faute de réforme structurelle.
Cet important déficit sera aggravé par les projets à financer (construction de l'hôpital de Taravao pour 7 milliards cfp, pôle de santé mentale pour 4 milliards cfp, mise en œuvre du schéma de prévention pour 8 milliards cfp, plan cancer pour 3,2 milliards cfp et développement d’outils et d’infrastructures informatiques pour 1 milliard cfp).
La CTC préconise d’encadrer les dépenses de santé d’une part, et un autre mode de financement, ne reposant plus exclusivement sur les cotisations, mais aussi sur la redistribution des recettes fiscales du Pays.
Alerte sur la santé mentale
Le constat de la prise en charge de la santé mentale est inquiétant : "des pathologies psychiatriques occultées par le système de santé". Le service de psychiatrie de l’hôpital est engorgé (taux d’occupation supérieur à 100%) et ne peut pas répondre aux besoins. "Il est ainsi fréquent que des chambres, théoriquement prévues pour un patient, en accueillent deux et que celles pour deux patients en accueillent trois dans des conditions d’hébergement inadmissibles."
La première pierre du futur pôle de santé mentale a été posée en novembre 2016 (4 milliards cfp). Il n’est toujours pas sorti de terre, en raison de contentieux avec l’entreprise attributaire du marché. Mais selon la CTC, "son ouverture permettra à peine de réguler la surpopulation intra-muros de l’hôpital".
La Chambre préconise donc d’ouvrir des filières d’aval, afin de consolider l’état des patients au sortir de phases aiguës d’hospitalisation (créations de structures légères, agrément de familles d’accueil thérapeutique, création d’unité d’hospitalisation de jour dans les centres pénitentiaires).
Sollicités, les services de la santé publique n’ont pas souhaité réagir à ce rapport. Le ministère de la santé nous a fait savoir qu’il ne répondra à la presse qu’après le passage de ce rapport à l'Assemblée.