Grève du 5 décembre : à quoi s'attendre en Polynésie?

C’est dans les établissements scolaires que les perturbations seront les plus importantes. En Polynésie, selon les syndicats, 9 écoles primaires sur 10 pourraient être fermées, et 1 établissement sur 2 dans le secondaire. Les enseignants protestent contre la réforme des retraites au niveau national.
La plupart des écoles élémentaires de Polynésie seront fermées jeudi. La mobilisation du corps enseignant de Polynésie contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron promet d’être massive. Le projet de système universel suscite une large opposition des syndicats de la fonction publique d'Etat, qui appellent à une mobilisation le 5 décembre. 

"On sent bien que les collègues sont motivés pour faire la grève, et surtout qu’ils sont très inquiets avec la réforme des retraites par points", explique Alexandra Lantes, secrétaire territoriales du SNES et représentante FSU. Selon elle, la mobilisation "sera plus forte que d’habitude".

Conséquence : 9 écoles primaires du 10 pourraient être fermées en Polynésie, et 1 établissement sur 2 dans le secondaire, même s’il est difficile de connaître ce taux avec précision, puisque les grévistes ne sont pas tenus de se déclarer en avance. La commune de Faa'a annonce que toutes ses écoles maternelles et primaires seront fermées jeudi, à l'exception de l'école de Piafau. Sur sa page Facebook, la ville de Punaauia a également demandé aux parents de prendre leurs dispositions, sans donner plus de précisions sur les fermetures d'écoles.

Une réforme qui ne ferait "que des perdants"

Derrière cette mobilisation du corps enseignant, les craintes suscitées par une réforme qui, selon les syndicats, ne fera que des perdants. "Si on instaure la retraite à points, tout le monde y perdra", détaille Alexandra Lantes. "Les enseignants sont ceux qui auront le plus à perdre : en faisant des calculs avec les simulateurs, on s’est rendus compte qu’une personne en fin de carrière perdrait 30% de sa retraite actuelle", affirme la représentante de la FSU, pour qui le public comme le privé seront touchés.

Alexandra Lantes


Pour Temarama Varney, secrétaire général du syndicat d'enseignants SE-UNSA, les plus grands perdants seront les enseignants du premier degré.

Temarama Varney

Toute la fonction publique d'Etat appelée à la grève

La grève ne se limite pas au corps enseignant. Toute la fonction publique d’Etat en PF a appelé à la grève : les douanes, le trésor public, la justice, le pénitentiaire, et les services du Haut-commissariat.

La police ne dispose pas du droit de grève mais elle se joindra à la marche prévue à 9H au départ de Vaiete jusqu’au Haut-commissariat où Dominique Sorain recevra l’intersyndicale à 10H30.

Les PNC Unsa Air France sont aussi de la partie.  Si au plan national, les vols domestiques et moyens courriers de la compagnie nationale seront  impactés par la grève des PNC et des aiguilleurs du ciel, les vols longs courriers ne seront pas touchés selon les directions générales de l’aviation civile et d’Air France.

Au niveau national, le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a dit mercredi s'attendre à un taux de grévistes de 55% dans les écoles, avec un pic de 78% de grévistes prévu à Paris.
 
©polynesie
Pour ne pas se perdre dans le futur système de retraite, qui cristallise la contestation du 5 décembre, voici les principaux mots de la réforme:
                 
- UNIVERSEL: le nouveau système doit unifier 42 régimes de retraite en instituant un régime universel à points. Universel ne signifie pas qu'il sera uniforme. "Un système universel avec des règles communes de calcul des pensions sera progressivement mis en place", telle est la promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron.
                 
- REGIME PAR POINTS: le point, le nerf de la guerre. Finis les trimestres de cotisation, les actifs cumuleront des points pendant leur carrière. Mais la valeur du point qui va déterminer le montant des pensions est à ce jour inconnue, et les syndicats opposés à la réforme, comme la CGT et FO, craignent que celle-ci ne serve de variable d'ajustement budgétaire.
                 
- ÂGE PIVOT OU ÂGE D'ÉQUILIBRE: le gouvernement a affirmé qu'il ne toucherait pas à l'âge légal, établi à 62 ans depuis la réforme de 2010. Il s'agit d'une promesse de campagne de Macron. La piste d'un "âge pivot" - autrement dit d'un "âge d'équilibre" ou "du taux plein" -, qui pourrait se situer à 64 ans pour la première génération touchée, est toujours en débat. En deçà de cet âge, il serait possible de partir mais en gagnant moins (décote), et après 64 ans de prolonger et de gagner plus (surcote).