Marcel Tuihani dénonce "un déni de démocratie"

Le Président de l'Assemblée réagit fermement aux propos de la ministre chargée des Outre-mer qui affirme que l'Etat pourrait intervenir en Polynésie en cas de blocage des institutions. Marcel Tuihani évoque un déni de démocratie.
Selon le Président de l'Assemblée, la ministre chargée des Outre-mer ne devrait pas interférer dans un débat qui oppose deux hommes politiques et qui n'occasionne selon lui aucun blocage des institutions. Marcel Tuihani affirme d'ailleurs que le Tahoeraa n'a jamais été à l'origine de l'instabilité politique.
Marcel Tuihani dénonce un déni de démocratie

Ecoutez ses explications au micro de Caroline Fahri:


Dans un communiqué, le Tahoeraa Huiraatira, accuse Georges Pau-Langevin,d'une "méconnaissance de la réalité politique locale". Voici ce qu'il déclare:

 "Le Tahoera’a Huiraatira est stupéfait des déclarations tenues ce jour à Paris par la ministre des outremers, Madame Georges Pau Langevin et qui semblent traduire une méconnaissance de la réalité politique locale et une immixtion intolérable dans la vie politique locale. La ministre, répondant aux journalistes, a indiqué qu’en cas de blocage de l’assemblée, « l’Etat serait amené à intervenir » et à dissoudre l’assemblée.
 
La ministre de l’outremer interfère dans la vie politique interne du parti, et on ne dissout pas une assemblée parce qu’un conflit oppose deux personnes au sein d’un même parti politique. Si l’article 157 du statut prévoit effectivement cette hypothèse, c’est uniquement en cas de blocage manifeste des institutions, ce qui n’est absolument pas le cas. Dans la réalité, et les actes le prouvent, le président Edouard Fritch n’est pas empêché de gouverner, puisque tous ses textes ont à ce jour été approuvés et soutenus par le Tahoera’a Huiraatira. Il en a encore été de même ce mardi à l’assemblée à l’occasion de la séance extraordinaire, même si un texte a été renvoyé en commission pour compléments d’informations. Pour mémoire, le budget 2014, le collectif budgétaire 2015, les deux contrats de projets Etat/Pays et Etat/Pays/Communes, la convention sur le RST et les 90 délibérations et lois de pays présentés à ce jour par le gouvernement, tout, absolument tout a été soutenu par le Tahoera'a Huiraatira. Les faits sont têtus et démentent que le gouvernement serait empêché de travailler.
 
La ministre des outremers devrait se référer à l’analyse du Haut commissaire Lionel Beffre qui déclarait récemment qu’il n’y avait aucune instabilité et que celle-ci était d’avantage une vue de l’esprit (1). Une analyse reprise par le Vice-président Nuihau Laurey qui confirmait à son tour qu’il n’y a pas d’instabilité et que le gouvernement gouverne (2). En tenant des propos de cette nature, c’est l’Etat lui-même qui alimente au plus haut niveau le risque d’instabilité en interférant dans un débat politique interne qui ne le regarde pas.
 
 
(1) - Lionel Beffre – Haut commissaire
« j’ai pu observer d’ailleurs avec intérêt et satisfaction que le budget avait été voté, que le contrat de projet était passé, que la convention sur le retour de l’Etat dans le RST était également passé et dernièrement que le collectif budgétaire avait été voté. Donc si vous voulez, c’est pour ça que je dis que l’instabilité se trouve plus souvent dans les fantasmes ou dans les têtes que dans la réalité. Puisqu’aujourd’hui, le Gouvernement malgré tout fait passer ses projets même s’il est amené à discuter. Mais ça j’allais dire, le rôle de tout gouvernement est de discuter avec le législatif. » - (Polynésie 1ere 19 juin 2015)
 
(2) - Nuihau Laurey – Vice-président
« D’abord, à ce jour, il n’y a pas d’instabilité, il y a un gouvernement qui gouverne, il n’y a pas de changement de gouvernement ni de motion de défiance. » – (Dépêche du 5 aout 2015) " fin de citation

Il faut préciser que la dissolution entraînerait l'organisation rapide de nouvelles élections territoriales excluant toute candidature de  Gaston Flosse puisqu'il est frappé d'une peine d'inéligibilité jusqu'en juillet 2017.