"Il aimait tout le monde. Dès qu'il pouvait, il aidait" : c'est ainsi que le décrit sa fille, Rautiare.
La culture, sa passion
Tonio Iro, cette figure de la danse tahitienne était très investie dans le milieu de la culture. Pendant trois décennies, il a transporté ses danseurs et danseuses sur les scènes de Vaiete, Tarahoi et To’ata.
Il était parti s'installer à Huahine avec son compagnon, "l'autre papa" de Rautiare, pour une retraite bien méritée. Là-bas, il avait retrouvé son équilibre, l'authenticité polynésienne, la nature, brute, intense et sans artifices. Il menait une vie heureuse, loin de Tahiti et ses murs de béton qu'il avait en horreur. "À Tahiti, il y a des murs en ciment partout. Ici, à Huahine, tu te lèves, tu as du poisson dans l’eau. C’est naturel. C’est magique", avait-il dit.
Mais, lui qui a fait danser ses troupes de Papara pendant cinquante ans, ne regrette pas non plus sa vie sur l'île de Tahiti. Sa passion pour la danse l'a toujours animé, et il est fier d'avoir honoré sa culture par la transmission de cet art. Une passion qu'il a partagé avec ses filles, et notamment Rautiare, qui a souvent dansé dans ses spectacles.
Le covid l'a terrassé
Evasané en début de semaine à l'hôpital du Taaone, Tonio est décédé peu de temps après. Il était atteint d'une maladie sans grande gravité, selon sa fille. Mais lorsqu'il a attrapé le covid, le virus l'a terrassé.
Un décès brutal et inattendu pour ses enfants.
Extrêmement émue, la voix tremblante mais remplie d'amour, Rautiare a prononcé un ultime adieu : "la dernière fois que je l'ai vu je ne pensais pas que je ne le reverrai plus. J'ai envie de lui dire que je l'aime et qu'il va beaucoup me manquer."
Le Pays a présenté ses condoléances dans un communiqué :
Message de condoléances suite au décès d’Antonio Iro - communiqué
"Une maman aimante"
Tonio, c'était aussi un père et une mère. Il a adopté deux filles, qu'il a élevé et aimé inconditionnellement. Il a eu cinq petits-enfants, qu'il a chéri de la même manière. "Une maman aimante, et autoritaire parfois aussi", décrit Rautiare. Elle raconte comment Tonio leur a appris, sa soeur et elle, à devenir une "vraie femme", une femme "normale" dans son sens à lui :
Parce-que lui, il fait femme et homme. Il fait en même temps maman et papa.
"Elle, il, c'est pareil"
Tonio était un mahu assumé. C'est à travers cette identité, qu'il a, d'une certaine manière, inculqué la tolérance à ses enfants. Il ou elle, Rautiare n'a jamais fait la différence :
Elle, il, c'est pareil. C'était quelqu'un qui aimait tout le monde, quelqu'un de gentil, au grand coeur, qui aidait dès qu'il pouvait.
C'est sa personnalité au grand coeur qui restera gravée dans les mémoires.