Le mercredi, les clubs de sports de combat et la DPDJ tentent désormais d’endiguer les bagarres de rue, à Papeete. Nous avons recueilli le témoignage d’un jeune homme de 19 ans. A visage découvert, il raconte comment il est tombé dans l’engrenage des combats entre bandes rivales.
Richard a 19 ans. Il raconte avoir commencé les bagarres en bande, à l'âge de 12 ans, lorsqu'il venait sur Papeete avec ses amis du même quartier. "Je me battais juste pour plaire aux gens, pour me montrer, pour chercher une identité..." Des bagarres déclenchées pour des motifs futiles. "C'est l'orgueil. Des fois, ça commence juste par un simple regard et qui se termine par une bagarre. C'est notre orgueil."
La rue s'affranchit des règles
La règle de la rue : s’affronter à la loyale, avec le même nombre de chaque côté. Mais souvent, les règles s’envolent et les affrontements dégénèrent. "Une seule fois, ça été grave pour moi. J'ai atterri à l'hôpital et j'ai retenu une bonne leçon. Je me suis dit que c'était pas bien de se battre dans la rue et qu'il y avait d'autres solutions pour régler ça, que de régler par la violence...on peut très bien régler par la parole." Richard a été interpellé plusieurs fois par la police nationale. "A chaque fois que je quitte la maison, ma famille s'inquiète beaucoup pour moi et se demande si je vais revenir à la maison intact...Moi, de mon côté, je fais tout pour rentrer intact."
Le mercredi, le centre-ville de Papeete devient un grand terrain de jeu pour une jeunesse désœuvrée. "Si y'a pas d'assistance, les jeunes peuvent tuer un autre comme ça, sans faire exprès, s'inquiète Matahi, 24 ans. Surtout la nuit, il y a des jeunes qui sont fous. Moi, j'en ai vu un se faire poignarder. Il est venu me voir, son sang coulait..." Pour Matahi, il faudrait renforcer les patrouilles de police "il faut qu'ils soient partout, dans tout Papeete, mais c'est pas que le mercredi qu'il faut le faire. C'est tous les jours, même le dimanche."
Apprendre un sport de combat avec des règles
Ce mercredi, Richard se rend au Parc Bougainville avec ses amis, comme toujours. Mais cette fois, il participe aux ateliers organisés par les clubs de boxe. Ce 3 mars, les jeunes sont invités, gratuitement, à apprendre un sport et en respecter les règles. Richard s'essaye à la boxe thaï et chausse les gants. Il finit épuisé. "Je me suis bien amusé. Je me suis vraiment dépensé...à un point où je ne vais plus aller en ville me battre," lâche-t-il en souriant.
Aujourd’hui, Richard reçoit encore souvent des messages de ses amis pour se joindre aux bagarres. Il assure désormais réfléchir à deux fois avant d’y participer.