L'affaire avait fait grand bruit. En novembre dernier, les autorités ont mis la main sur 9,259 kilos d'ice. Une affaire jugée en comparution immédiate, ce jeudi. Le prévenu, un quadragénaire, poursuivi pour trafic de stupéfiant a été condamné à 5 ans de prison ferme, 1,5 million de Fcfp d'amende et un maintien en détention.
L'homme s'appelle Patrice, il a 43 ans et est originaire de Tahiti. Il travaillait à l'aéroport de Tahiti-Faa'a avant qu'il ne soit arrêté par les douaniers avec dans ses bagages, dissimulés dans un double fond, plus de 9 kilos de méthamphétamine.
Incarcéré depuis le 11 novembre dernier, il nie avoir eu connaissance de la présence la drogue dans ses bagages. À la barre, l'homme explique sa version des faits : il est arrivé à San Francisco, il a loué une voiture pour se rendre à Los Angeles, et, c'est en touriste qu'il aurait donc acheté des valises à un inconnu pour y ranger son shopping.
Son avocat dénonce une procédure émaillée de dysfonctionnements : des pressions subies de la part des douaniers et des gendarmes et l’irrégularité de la pesée de la drogue. Sur le fond, il demande que son client soit jugé comme simple mule. "Quand on voit la quantité ramenée et les moyens financiers dont il disposait, clairement ce n'est pas lui qui pouvait acquérir une telle quantité de méthamphétamine. Donc, s'il doit être jugé et condamné, il doit être condamné en qualité de mule à considérer qu'il puisse être coupable", explique Me Teremoana Hellec.
Lors de l'audience, l’avocate générale a décrit une série policière de bas étage et dément toute violation des droits de la défense soulignant l’incohérence de la situation et les victimes potentielles de la méthamphétamine. Elle a requis 5 ans de prison ferme. Le juge la suivra : le prévenu est donc condamné à cette peine de prison mais aussi une amende douanière d’1 million 500 mille de Fcfp et d'un maintien en détention. L'avocat de la défense compte faire appel de la décision.
Profil varié des mules
Aujourd'hui, le profil des mules, les personnes qui passent la drogue, est varié. Ils peuvent venir parfois d'un quartier modeste, sont sans moyen et ne voient pas le risque encouru. D'autres fois, ils sont consommateurs de produits stupéfiants, il peut s'agir alors d'enfants de notables, d'adultes et plus généralement un parent qui veut assumer son rôle de ressource financier ou soigner un enfant, un parent gravement malade.
C’est pour cela que depuis quelques années, sur le banc du tribunal, il n'est pas rare de retrouver un adolescent comme une grand-mère. Beaucoup pensent qu’ils ne font rien de mal à partir du moment où ils ignorent le contenu des valises. Mais la loi est stricte : à partir du moment où une personne participe à un trafic, elle est coupable.
Aujourd'hui, il n'existe pas de réelle prise en charge des toxicomanes sur le territoire. Les rares endroits qui les accueillent sont débordés. L'ice est un véritable problème sanitaire et sociétal.