Accidentés de la route : la difficile rééducation

Marahiti regrette d'avoir bu avant de prendre son scooter.
6 morts sur les routes de Polynésie depuis le début de l’année, un chiffre inquiétant pour la suite.70 à 80% des accidents mortels sont dus à l'alcool ou aux stupéfiants, selon les autorités qui multiplient les contrôles routiers. Les conséquences sont aussi parfois dramatiques pour les personnes rescapées d'un accident. Focus sur des patients accueillis au centre de réeducation Te Tiare.

Les accidents tuent et quand ils ne sont pas mortels, ils peuvent s’avérer graves de conséquences. Comme pour Steven, fauché sur son scooter l’an dernier par un chauffard. Il s’en sort avec deux fractures, mais la rééducation est longue. "J'étais à scooter et le gars était en voiture. En revenant du travail, il ne s'est pas arrêté au stop, et je l'ai tamponné. Ici à Tahiti, les jeunes font n'importe quoi sur la route. Parfois ils n'ont pas la priorité et quand tu les regardes, ils s'amusent", dit-il. Et à la question de savoir s'il va remonter sur un scooter : "ça, on va voir, parce que j'ai toujours le choc dans la tête !", lâche-t-il.

La rééducation peut être très longue et nécessiter des équipements adaptés.

Marie, kinésithérapeute depuis 15 ans au centre Te Tiare, voit passer les accidentés et leurs angoisses . "Certains repartent avec des séquelles, il y en a qui arrivent à tout récupérer, d'autres ne récupèrent pas du tout, mais je pense que ça change ta vie, c'est sûr. Du coup, il faut être prudent sur la route", souligne la spécialiste.

Boire ou conduire...

La prudence, Marahiti en a manqué quand en décembre dernier, à Huahine, il a conduit son scooter sous l’emprise de l’alcool. Aujourd’hui il regrette. "Je me suis cassé un pied et la colonne vertébrale, ça m'a mis dans cet état. Dans un fauteuil roulant, c'est dur aussi. Quand tu bois trop, ou que tu t'es pris la tête ou t'es fâché, faut pas prendre la route. Tu ne sais pas ce que tu fais...même moi je ne me rappelle pas aussi ce qui s'est passé à ce moment-là", se désole le jeune homme. 

Lui peut encore marcher. Pour d'autres, c'est impossible.

Dans ce centre, on ne peut pas accueillir plus de 8 patients blessés à la colonne vertébrale, mais les demandes augmentent et le personnel fait défaut. "On va réitérer notre demande cette année, d'autant plus que les chiffres sont là : en Métropole, on a à peu près 20 patients pour 1 million qui sont blessés médullaires [relatifs à la moëlle épinière]. Ici on est déjà à 110 quand on regarde le taux d'incidence", remarque Stéphane Million, directeur administratif du centre Te Tiare.

Ces accidentés ont la chance de bénéficier d’un accueil efficace au sein d’un établissement appelé à devenir un centre de blessés médullaires de référence en Polynésie.