Alzheimer : le difficile quotidien avec la maladie

Charlemagne s'occupe de sa femme Elisabeth, atteinte de la maladie d'Alzeihmer depuis 2018.
La journée internationale des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, sera organisée ce samedi 21 septembre à la mairie Mataiea, de 8h30 à 16h. En Polynésie, pas loin de 3000 personnes sont concernées par cette maladie dégénérative. Sur les hauteurs d'Erima à Arue, Charlemagne 71 ans, s’occupe d’Elisabeth, sa femme âgée de 78 ans. Diagnostiquée en 2018 de la maladie d’Alzheimer, elle perd son autonomie en 2021.

Charlemagne, on pourrait le confondre avec un druide plein d'attentions. Et une potion magique en préparation, détrompez-vous, ce n'est que le jus préféré d’Elisabeth, sa femme. " Papaye et mangue. Elle aime bien ça. C’est du jus de fruits frais, il n’y a pas de produits chimiques dedans, c'est naturel " confie Charlemagne.

Un goût qu’Elisabeth n’a jamais oublié. Et pourtant la mémoire ce n’est plus son fort. Elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le diagnostic tombe en 2018.

"Elle devait aller chercher les mootua à l'école, elle a oublié, elle n’a pas été. Et si c'est une personne âgée qui vit seule, elle oubliera de manger."

Teave Chaumette, ex-présidente de l’association Polynésie Alzheimer

Charlemagne Barsinas, le mari d'Elisabeth, sait aussi qu'il doit être le plus vigilant possible. Mais le quotidien n'est pas facile.

"C’est dur. Parce que des fois, elle s'en va. Quand tu fais la sieste et quand tu te réveilles, elle est plus là. Je suis obligé d'aller la chercher. Des fois, j'ai des amis qui la ramènent. Des fois, c'est la police municipale qui la ramène. J’ai peur parfois."

Charlemagne Barsinas - époux d'Elisabeth, atteinte de la maladie d'Alzheimer

En 2018, Elisabeth est hospitalisée. Le personnel médical voit en elle les signes avant-coureurs de la maladie. Direction le centre de la mémoire à Taaone. Et là, c'est toute une série d'examens qui s'amorce, comme l'explique Teave Chaumette :" Il y a l’IRM sanguin, l'ergologue, le psychologue, le neurologue. C'est toute une batterie d'examens. Et quand le cadre est placé au niveau santé, la famille doit, on va dire, commencer un travail d’acceptation."

Ahu’ura Tefau la fille d’Elizabeth, se souvient encore du jour du diagnostic de sa mère : 

"Honnêtement j'avais les larmes aux yeux. Parce que quand on t'annonce ça. Je m'étais déjà renseignée sur la maladie d'Alzeihmer. C'est difficile. Parce que tu sais comment elle va finir après. Et mentalement tu n'es pas prête à voir ta mère dans cet état. Y a cette préparation-là. Parce que ma maman, c'est notre pilier."

Ahu'ura Tefau - fille d'Elisabeth atteinte de la maladie d'Alzheimer

En 2021, Elisabeth perd son autonomie... Une chance pour elle, sa famille est là. Les enfants et les petits enfants rendent visite à leur mère et grand-mère, pour prendre soin d'elle.

Un malade d’Alzheimer ne se rend pas compte qu’il est malade. Il perd la notion du temps, le sens de l’orientation et même, le visage de ses proches. Seuls quelques souvenirs subsistent. Charlemagne témoigne depuis leur jardin, en poussant le fauteuil de sa femme, il déclare : "Elle aime bien cet endroit. Avant on venait tous les deux ici. Quand je vais travailler sur mes plantes, je l'emmène avec moi. Il faut bien caler son fauteuil. Elle aime bien me regarder travailler."

En Polynésie, 1% de la population est atteinte d’Alzheimer.