Dewilia est arrivée de Makemo mercredi, exprès pour assister aux élections du président de l'Assemblée jeudi puis du président du Pays vendredi. "J'attends ça depuis 2004 !" s'enthousiasme la sympathisante du Tavini Huiraatira. Elle évoque l'époque du “TAUI”, lorsque l'union pour la démocratie (l'UPLD) a pris la présidence du Pays avec Oscar Temaru pour la première fois. Mais cela n'a duré que quatre mois. "Là, avec Tematai Legayic et Moetai, ça sera différent, je suis confiante" assure Dewilia.
Comme à chaque élection, tous espèrent évidemment un renouveau. Et pour Dewilia, c'est urgent "Makemo est mort. On ne s'occupe pas de nous ! Avec l'augmentation des prix, on se sent encore plus abandonnés..."
Après neuf ans de gouvernance menée par le Tapura, les militants du Tavini sont forcément heureux. Quelques rouges se mêlent à la foule : "le peuple a voté. Les gens ont montré qu'ils n'étaient pas contents..." confie une sympathisante du Tapura. Même si le ton est un peu amer, les relations sont cordiales avec la nouvelle majorité.
L'ambiance est à la fête, les airs de bringue rythment la séance dans le hall de l'Assemblée, où chantent en choeur les 500 sympathisants présents. La plupart d'entre eux sont arrivés tôt jeudi matin, bien avant le début de la session prévue à 9 heures.
C'est un rendez-vous à ne pas manquer... Maeva Tangi, elle aussi originaire de Makemo, a commencé le travail à 4 heures du matin. Elle a fait le détour sans hésiter sur le chemin du retour : "je finis à 8h, je me suis dépêchée pour être là à 9h. On ne peut pas rater ça ! 30 ans que j'attends ça ! Alors pour 2 heures, 3 heures, c'est rien !" répond Maeva, joyeusement.
Antony Géros, seul candidat sur le poste, a été élu à la tête de l’Assemblée de la Polynésie française, avec 41 voix sur 57. Tonnerres d'applaudissements dans le hall : même si c'était l'aboutissement attendu, les sympathisants en profitent pour revendiquer à nouveau la victoire des bleus, les yeux rivés sur les quatre écrans géants qui diffusent les discours.
À la sortie de l'hémicyle, Antony Géros et Oscar Temaru sont immédiatement encerclés par la presse et les partisans. "Cela me fait chaud au coeur, parce-que je suis un homme de terrain avant d'être un président ou un maire. Naviguer dans les huit sections, rencontrer nos militants, ça a toujours été mon fort. C'est pour ça que je suis content qu'ils soient venus aussi nombreux ce matin !" nous confie le nouveau président de l'APF.
Anthony Géros retrouve donc le perchoir pour cinq ans, un poste qu’il a déjà occupé à plusieurs reprises. Les sympathisants reviendront chanter demain, lors de l'élection du président du Pays. Moetai Brotherson devrait succéder à Edouard Fritch...